Le contraire eut été étonnant. À l’occasion de sa participation au festival South by Southwest (SXSW) qui mêle musique et technologies, le président américain Barack Obama s’est exprimé pour la première fois dimanche sur l’affaire qui oppose Apple et le FBI. Et comme attendu, le « leader du monde libre » (comment aiment à l’appeler les Américains) a appelé au respect des prérogatives de l’État.
Estimant qu’un « chiffrement solide (…) fétichise nos téléphones en les plaçant au-dessus de toute autre valeur », Barack Obama a estimé que le chiffrement inviolable même par la justice va « à l’encontre de l’équilibre que notre pays a atteint depuis deux cents ou trois cents ans ».
Tout en plaidant en façade pour « que le chiffrement et la clé soient les plus solides possible », le président américain estime qu’il faut permettre « au plus petit nombre d’individus possible d’y accéder dans un certain nombre de cas sur lesquels nous devons nous mettre d’accord ».
Eviter une loi pour continuer à faire sans
Mais toute le débat est bien dans cette dernière proposition. Actuellement le Département de la Justice refuse de passer par un travail législatif, et demande que les tribunaux s’octroient un pouvoir général de coercition visant à obtenir la coopération des géants du numérique chaque fois qu’ils le jugent nécessaires — ce qu’un tribunal new-yorkais a jugé inconstitutionnel.
Il n’y a pas de débat démocratique public et encadré visant à placer la ligne rouge, entre l’accès que l’on peut éventuellement donner au contenu chiffré du smartphone d’un terroriste avéré, et l’accès au contenu du smartphone d’un petit dealer de cannabis suspecté par des policiers. Or on met tout, aujourd’hui, dans nos smartphones. En tout cas, beaucoup de choses qui en disent énormément sur nous (notre historique de navigation, nos contacts, nos mails, nos notes, etc., etc.), et qui méritent d’avoir une vigilance particulière pour la protection de la vie privée, qui est aussi indirectement une protection de la liberté d’opinion.
S’affirmant « du côté des défenseurs des libertés civiles », Barack Obama a tout de même demandé aux entreprises du numérique de réaliser « des concessions », pour éviter une loi. Il estime qu’en l’espèce, légiférer pourrait être pire que d’accepter, de temps en temps, pour des faits exceptionnels, de coopérer en dehors d’un cadre juridique précis. Une certaine idée de la démocratie.
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