Le ministre des Finances et des Comptes publics, Michel Sapin, était ce mardi matin l’invité de France Info, pour défendre la réforme réformée du droit du travail. Quand tout à coup, une question inattendue tombe. « Est-ce qu’on pourrait réfléchir à un revenu universel ? N’est-ce pas une piste pour relancer enfin l’économie dans un pays, que tout le monde ait un revenu ? », lui demande le journaliste Guy Birenbaum, qui y voit une « question utopique ».
« Je comprends parfaitement cette proposition », amorce alors Michel Sapin. « Quand on met en place par exemple le RSA socle, c’est bien un revenu pour tout le monde, étendu avec la prime d’activité qui va remplacer le RSA [d’activité] », ajoute-t-il, démontrant alors qu’il n’a visiblement pas si bien compris que cela la proposition du Mouvement français pour le revenu de base, qui séduit pour des raisons différentes, aussi bien à gauche qu’à droite.
J’aime bien qu’il y ait en face une activité, parfois même une activité au service des autres, mais qu’il y ait une contrepartie
Tel qu’il est proposé et expérimenté dans différents pays, et contrairement au RSA ou à d’autres prestations sociales conditionnées à un niveau de ressources, le « revenu universel » ou « revenu de base » serait touché par tout individu, quelle que soit sa condition.
C’est ce qui fait la spécificité et toute l’audace de la proposition, particulièrement en vogue face aux craintes que la révolution numérique ne contribue à installer un chômage structurel, qui ne ferait que s’aggraver avec le progrès technologique. L’idée sous-jacente est que la technologie permet de libérer du temps à qui le souhaite, et aussi d’accompagner une nouvelle économie du partage (contribuer à Wikipédia, troquer des services ou des biens…), qu’il convient de financer indirectement.
Mais Michel Sapin y voit une simple assistance pour personnes oisives. « Il faut toujours bien équilibrer les choses, entre la solidarité qui est nécessaire de la part de la société, vis à vis de gens qui sont en difficulté et qui traversent un moment difficile dans leur vie, et l’incitation à l’activité », prévient le ministre des finances. « C’est pour ça que j’aime bien qu’il y ait en face [du revenu accordé] de la formation. J’aime bien qu’il y ait en face une activité, parfois même une activité au service des autres, mais qu’il y ait une contrepartie ».
« S’il n’y a pas cette contrepartie, on risque d’être dans une société de l’assistance, et ça ça ne passerait pas auprès d’une majorité des Français », prévient-il. Quelques jours après le report du débat au Sénat, le gouvernement est donc clair sur sa position. Même s’il dit réfléchir au revenu de base, la réponse de Bercy sera non.
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