Le réseau social d’Elon Musk invoque « l’intérêt public » pour laisser se propager des vidéos de violences commises le week-end par le Hamas. Or, ces images servent la propagande de la terreur et contribuent à nourrir la vague de désinformation globale qui se déverse sur la plateforme.

Les vidéos choquantes des violences perpétrées depuis plusieurs jours dans la guerre Israël-Hamas auraient leur place sur X (ex-Twitter), a assuré la plateforme dans un communiqué publié le 10 octobre 2023 au matin. « Nous avons conscience qu’il est parfois très difficile de visionner certains contenus, surtout dans des périodes comme celle-ci. Dans ce cas, X croit que, même si c’est difficile, il est dans l’intérêt général du public de comprendre ce qu’il se passe, en temps réel », peut-on lire.

La plateforme avance le fait qu’il existe un réglage dans ses paramètres d’utilisation qui permet de « choisir si on veut voir ou non des contenus marqués comme sensibles ».

L’organisation terroriste Hamas a lancé une série d’attaques d’une violence inouïe samedi 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël, tuant environ 800 personnes, dont au moins 4 ressortissants français. Israël a répliqué en ordonnant un siège de la bande de Gaza, et dénombre déjà « 1 500 morts » du côté des « combattants du Hamas ».

50 millions de messages concernant la guerre Israël-Hamas auraient été publiés en trois jours, selon X. Dans son communiqué, la multinationale affirme en avoir retiré « des dizaines de milliers », soit une infime proportion des messages. Pire : le réseau social mentionne la suppression de « centaines de comptes qui tentaient d’influer le cours des Tendances » (les sujets les plus discutés sur X), ce qui n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan de la désinformation actuellement à l’œuvre sur la plateforme.

Source : Twitter/X
Source : Twitter/X

Les images de violence servent la propagande du Hamas

Depuis le début de la guerre, le Hamas a utilisé les réseaux sociaux comme un outil pour répandre la terreur, a très bien décrit l’AFP dans un récent article. « C’est intentionnel : le but est de déclencher un sentiment d’impuissance, de paralysie et d’humiliation », a expliqué à l’agence Michael Horowitz, un analyste sécuritaire. En quelques clics, on peut en effet voir depuis ce week-end de nombreuses vidéos insoutenables de violences et d’humiliations, publiées sur X.

Depuis qu’Elon Musk est à la tête de Twitter et l’a rebaptisé X, la firme a renvoyé de nombreux salariés, notamment au sein de ses équipes de modération et de communication externe. La plateforme a également effectué un basculement clair dans la tolérance de contenus beaucoup plus extrêmes qu’auparavant.

« Les contenus vérifiés de personnes présentes sur place ou des sources primaires d’informations sont devenues quasiment impossibles à trouver sur X », peut-on lire dans un article de Wired, qui a interrogé des experts du conflit et des journalistes tentant de trouver des témoins sur place.

La hiérarchie des contenus a été bouleversée depuis qu’Elon Musk a décidé de donner la priorité aux internautes qui paient 8 dollars par mois pour obtenir une certification de leur compte (et une petite coche bleue reconnaissable) : désormais, ce sont eux qui sont les plus visibles. Fin mars 2023, Mashable avait montré que la moitié de ces « abonnés » à X avaient moins de 1 000 followers, illustrant combien cette pastille bleue ne permettait plus d’identifier les comptes sérieux ou de notoriété publique.

Il n’y a qu’à voir les réponses au message publié par X : de nombreux comptes payants se réjouissent de la position de la plateforme et de la « liberté d’expression », tandis que ceux qui s’y opposent sont invisibilisés.

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Capture d’écran X (Twitter)
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