Mise à jour : nos lecteurs pourront lire la réponse de M. Karmitz, qui souhaite corriger plusieurs points.

L’affaire vieille d’une douzaine d’années paraît être des plus complexes, et Marin Karmitz un brin procédurier à l’encontre de ceux qui, comme Le Point, sont accusés de mal rapporter les faits. On se contentera donc de renvoyer lâchement nos lecteurs vers cet article de Rue89 qui détaille les motifs qui font que le réalisateur Yves Boisset et plusieurs auteurs ont finalement obtenu une première victoire judiciaire le 15 janvier dernier contre la société MK2 de Marin Karmitz, et deux autres sociétés. Un jugement concernant des paiements de droits pour les films Dupont Lajoie (1975) et Un Taxi Mauve (1977) dont l’homme d’affaires a fait appel, mais qui a fait l’objet d’un versement de 50.000 euros de provisions au bénéfice du réalisateur.

Ce que ne rappelle par l’article de Rue 89 en revanche, c’est l’incongruité d’un tel jugement pour Nicolas Sarkozy. Le Président de la République s’était en effet auto-désigné président du Conseil de la création artistique qu’il a créé en début d’année dernière en plein lobbying pro-Hadopi, et il avait aussitôt nommé M. Karmitz comme délégué général.

Or il serait de mauvais ton que le délégué général du Conseil de la création artistique, nommé par le Président de la République en personne, soit un jour lui-même définitivement condamné pour une sombre affaire de spoliation de droits qui était déjà dans les tuyaux au moment de sa nomination. On comprend, dès lors, la plainte en diffamation contre Le Point. Fondée ou pas, elle découragera ceux qui veulent parler de l’affaire.

Par ailleurs, l’article de Rue89 illustre le visage presque mafieux que peut afficher le milieu cinématographique, où les portes se ferment très vite lorsque l’on s’oppose à quelques puissants :

Depuis vingt ans, tous les auteurs ayant contribué à ces films n’ont pas touché un euro de leur exploitation. Tous… sauf les deux co-scénaristes Bastid et Martens qui, dans une misère noire, ont accepté en 2007 les 3 000 euros proposés par MK2, en échange de leurs droits d’auteurs.

Yves Boisset n’a pas cédé à la pression économique ou amicale de ses amis lui déconseillant de s’attaquer à l’un des parrains du cinéma français. Un peu anar et grande gueule, plutôt black-listé par le milieu du cinéma après ses succès des années 70, le cinéaste s’est débattu pour retrouver tous les auteurs et dégoter un avocat pugnace, Jacques Georges Bitoun, surnommé le  » maître chanteur  » par ses adversaires. Et il n’a pas lâché prise… depuis 1998.

(illustration : CC Marie-Lan Nguyen)

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