Des vidéos montrant des otages en pleurs, des corps ensanglantés, des soldats du Hamas armés : sur YouTube, ce genre de contenu a été visionné des millions de fois. Des vidéos, diffusées par des comptes officiels d’Israël, ont été massivement sponsorisées et sont apparues, en tant que « publicité », chez de très nombreux utilisateurs de la plateforme, qui n’avaient pas cherché à les voir.
Comme Numerama s’en était fait l’écho, ils ont vu ces vidéos être propulsées avant les contenus de nombreux influenceurs et youtubeurs français, tels que Squeezie, Joyca, Chloé Gervais ou Maghla, etc. La méthode et les contenus ont choqué certains utilisateurs. Ce n’est pas un hasard si beaucoup d’internautes français ont vu ces contenus : d’après la journaliste anglaise Sophia Smith Galer, la France a été le pays le plus visé par la diffusion de ces films par Israël.
Plus de 500 millions d’impressions en France
Dans un long thread sur X (anciennement Twitter), la journaliste explique qu’Israël a dépensé 7,1 millions de dollars pour réaliser sa campagne publicitaire. Pour trouver ces informations, Sophia Smith Galer a utilisé Semrush, une plateforme d’analyse des réseaux sociaux très connue dans le secteur du marketing web, qui permet d’avoir accès à de nombreuses données. La journaliste a ainsi appris que ces 7,1 millions de dollars avaient permis à Israël d’acheter près 1 milliard d’impressions sur ses vidéos — et la moitié de ces impressions a été réalisée en France.
La France est ainsi le pays qui a le plus été visé par la campagne d’Israël. D’après Semrush, les vidéos du ministère des Affaires étrangères avaient généré 443 400 000 impressions en France au 21 octobre — un chiffre qui était passé à 526 600 000 impressions deux jours plus tard, au 23 octobre. La campagne française aurait coûté 3,8 millions à Israël. La majeure partie des impressions aurait été réalisée entre le 14 et le 16 octobre, près d’une semaine après l’apparition des premières pubs sur YouTube.
Ces chiffres interpellent pour plusieurs raisons : la France représente à elle seule la moitié du budget mondial, et près de la moitié des impressions. La France arrive ainsi largement avant le Royaume-Uni (qui totalisait 233,9 millions d’impressions au 21 octobre), avant l’Allemagne (231 millions d’impressions), avant la Belgique (29,7 millions), et surtout, avant les États-Unis (6,1 millions), pourtant considérés comme l’allié numéro 1 d’Israël.
Une autre information intéressante : le rapport de Semrush sur la France, fourni à Numerama par Sophia Smith Galer, semble indiquer que l’une des chaînes sur lesquelles les vidéos d’Israël ont été le plus regardées est celle du youtubeur Michou. Il est important de rappeler que les vidéastes ne sont pas responsables des publicités qui sont diffusées avant leurs contenus — mais que les annonceurs peuvent choisir les groupes démographiques à qui leur vidéo va être montré.
Pourquoi dépenser tant d’énergie et d’argent dans une campagne ciblant la France ? Impossible de le dire. Sophia Smith Galer, jointe par Numerama, n’avait d’ailleurs pas plus de réponses que nous sur la question. Étant donné que la France a été un des premiers pays à reconnaître Israël après sa création, il est cependant logique que le pays souhaite conserver un allié proche — surtout qu’Emmanuel Macron doit se rendre prochainement en Israël, et que de nombreuses manifestations en soutien aux Palestiniens ont lieu sur le territoire.
Il est cependant intéressant de relever que, si l’objectif était de parler aux plus jeunes utilisateurs de YouTube en France, l’objectif n’a pas l’air d’avoir été atteint. Loin d’être touchés par ces vidéos, les spectateurs français ont été en partie gênés par les images diffusées, voire choqués par les plus violentes d’entre elles. D’autres y ont même vu de la « propagande ».
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