Albin Michel, Flammarion, Eyrolles et Gallimard vont poursuivre en justice Google, qu’ils accusent de violer leurs droits d’auteur en scannant leurs ouvrages français disponibles dans les bibliothèques américaines, pour en diffuser des extraits sur Google Books. Ils rejoignent ainsi le combat de La Martinière et du Syndicat National de l’Edition (SNE), qui ont obtenu une première victoire judiciaire en décembre 2009 contre le géant américain. Google, qui a fait appel de la décision, n’a plus le droit de référencer les œuvres du groupe La Martinière, propriétaire des éditions Le Seuil, et donc plus le droit d’en faire la promotion quand bien même des études ont démontré que la diffusion des livres sur Internet encourageait l’achat des versions papier.
« En début d’année, quelques contacts avec Google nous avaient laissés espérer une évolution favorable sur ce dossier, mais rien n’a changé finalement« , a regretté au salon du livre Antoine Gallimard, PDG des éditions éponymes.
Alors que le livre numérique se développe à grande vitesse, l’éditeur muscle son opposition à la diffusion des ouvrages sur Internet, jusqu’à interdire la publication sur Internet d’ouvrages encore protégés en France, mais tombés dans le domaine public dans d’autres pays francophones. L’éditeur souhaite que les Français ne puissent pas y avoir accès, ou que le droit français s’impose alors à toute la francophonie.
Au nom de l’exception culturelle, les éditeurs sont soutenus dans leur démarche par le gouvernement français, qui est cependant de plus en plus timide dans son opposition à Google. S’il plaide pour une alternative gauloise à Google Livres, financée par le Grand Emprunt, Frédéric Mitterrand se montre plus ouvert à l’idée d’un partenariat avec la firme américaine, à l’image de celui signé en Italie au au début du mois. Il faut « tenir un langage non pas de force mais d’égalité face à Google« , a ainsi nuancé le ministre de la Culture au salon du livre.
Un protectionnisme acharné des éditeurs français contre Google n’aurait absolument aucun intérêt culturel, si ce n’est celui de rendre la littérature française invisible sur le net, et donc de donner encore davantage de poids à une culture américaine déjà omniprésente. Pas sûr que ça soit vraiment le meilleur calcul.
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