Que devient l’Armée Électronique Syrienne ? Particulièrement active au début des années 2010, cette organisation très secrète est devenue bien discrète depuis l’an dernier. Aucune opération d’envergure n’a été rapportée dans les médias, du moins en Occident. A-t-elle disparu de la circulation ?
Action en justice aux USA
Une chose est sûre, elle fait face à des ennuis judiciaires aux États-Unis. Le département de la justice a en effet diffusé mardi un communiqué de presse dans lequel est détaillée la liste des chefs d’accusation visant trois personnes suspectées de faire parti de ce collectif pro Bachar el-Assad.
Il y a toutefois peu de chances de les voir comparaître devant un tribunal américain, en tout cas pour deux des prévenus : en effet, l’un résiderait à Damas et l’autre à Homs, et la Syrie a actuellement d’autres chats à fouetter que de satisfaire une demande d’extradition vers les USA. En revanche, le troisième larron risque de faire le voyage outre-Atlantique, puisqu’il se trouve en Allemagne. Il a d’ailleurs été arrêté là-bas.
Chose assez cocasse pour des hacktivistes, c’est à travers des informations récupérées sur Facebook et Gmail que les enquêteurs américains, dans le cadre d’une instruction judiciaire, ont pu remonter la piste vers ces trois individus, et donc à l’arrestation de l’un d’entre eux. Quant aux deux autres, le FBI offre 100 000 dollars pour toute information permettant de les appréhender.
Le site IT World raconte par exemple que l’un des suspects a géré un compte Gmail et un profil Facebook sous une fausse identité. Or, une copie d’un passeport allemand affichant son véritable nom a été trouvée sur le premier site, tandis que des candidatures d’emploi et des conversations avec un autre prévenu ont été repérées sur Facebook. Ont-ils manqué de prudence pour laisser de pareilles traces ?
Les faits d’armes
Au tout début de l’insurrection civile en Syrie, dans le cadre du printemps arabe, a surgi une organisation paramilitaire dénommée Armée Électronique Syrienne. Très vite, celle-ci s’illustre par des actions de piratage informatique, en attaquant notamment des sites de presse (Le Monde, le Washington Post, CNN, Al Jazeera, etc).
Les actions de cette « armée électronique syrienne » ne se sont pas limitées aux médias. La communication publique de certaines forces armées a été temporairement perturbée (aux États-Unis et en Israël), tout comme celle de certaines entreprises (notamment Microsoft sur les réseaux sociaux et certaines de ses filiales, comme Skype).
De façon générale, la stratégie de ce collectif consiste à relayer des fausses informations, en piratant des comptes très influents sur les réseaux sociaux (comme celui du Monde sur Twitter), en détournant certains moyens de diffusion de l’actualité (comme les alertes par SMS d’Al Jazeera) et en défigurant des sites web.
L’action la plus spectaculaire de ce collectif, composé de toute évidence de partisans de l’autocrate Bachar el-Assad, reste toutefois l’accès au compte de l’Associated Press sur Twitter au mois d’avril 2013. En un tweet est annoncée une double explosion à la Maison Blanche et la blessure de Barack Obama.
Le contexte d’alors, avec les récents attentats du marathon de Boston, et la crédibilité de la source, une agence de presse américaine, ont alors donné du corps à ce message et donné lieu à un mouvement de panique à la bourse de Wall Street, avec la chute vertigineuse — mais très brève — du Dow Jones, causant la perte de milliards de dollars de capitalisation boursière.
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