Dans un communiqué annonçant leur légalisation en cours, une organisation de l’ONU affirme que les voitures autonomes sont plus sûres que les voitures conduites par des humains. Ira-t-on jusqu’à rendre obligatoire la conduite par des robots ?

Dans un communiqué publié mercredi, la Commission Économique des Nations Unies pour l’Europe (UNECE) a fait connaître l’entrée en vigueur de modifications à la Convention de Vienne de 1968 sur la sécurité routière, qui font que « les systèmes de conduite automatisée seront explicitement autorisés sur les routes, à condition qu’ils soient conformes aux règlements des Nations Unies sur les véhicules ou qu’ils puissent être contrôlés voir désactivés par le conducteur ».

La commission régionale de l’ONU assure que les modifications ouvrent la voie aux voitures autonomes, même si du chemin reste à parcourir. Ainsi l’organisation prévient qu’une deuxième vague de modifications est en préparation, qui « concerne l’introduction de fonctions de direction à commande automatique dans les règlements des Nations Unies sur les véhicules », telles que « les systèmes qui, dans certaines circonstances, pourront pendront le contrôle du véhicule, sous le contrôle permanent du conducteur, comme les systèmes veillant  au maintien de la trajectoire (pour empêcher un changement de voie accidentel), les fonctions d’assistance au stationnement ainsi que la fonction autopilote sur autoroute (le véhicule se déplaçant de manière automatisée à haute vitesse sur autoroute) ».

Vers une libéralisation en 2017…

Actuellement le règlement n°79 de l’UNECE sur l’équipement de direction des véhicules autorise déjà une direction automatique, mais « elle doit être automatiquement désactivée lorsque la vitesse du véhicule dépasse la limite fixée à 10 km/h de plus de 20 % ». C’est l’une des limitations de la réglementation recensées par le ministère du développement durable dans une très riche synthèse (.pdf) publiée l’an dernier, qui faisait le point sur les obstacles juridiques au développement des voitures autonomes.

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Selon l’UNECE,le Forum mondial sur l’harmonisation des Règlements concernant les véhicules pourrait adopter en 2017 un nouveau cadre réglementaire qui libéraliserait totalement la mise en circulation de voitures autonomes, à condition qu’elles suivent les prescriptions imposées par les règlements très techniques, et que soient tranchées les questions d’assurance (en cas d’accident avec une automobile conduite par un robot, qui doit être responsable, entre le propriétaire de l’automobile, le passager qui se laisse conduire, ou le fournisseur du logiciel de pilotage ?).

…avant la suppression du droit de conduire ?

Mais le plus intéressant du communiqué de l’UNECE est dans une petite phrase, glissée l’air de rien au cœur du communiqué. L’organisation des Nations Unies écrit que « les accidents [de voiture] sont le plus souvent causés par une erreur humaine » et que « par conséquent une conduite automatisée contrôlée par ordinateur devrait rendre la circulation routière plus sûre ».

Or si la circulation routière est plus sûre lorsque c’est un robot qui conduit, il n’y a aucune raison, si ce n’est la défense démodée d’une liberté publique, de continuer à laisser l’homme ou la femme conduire. Si véritablement il se confirme que les logiciels de conduite ne causent pas ou très peu d’accidents, alors l’impératif de sécurité publique imposera de laisser le volant à celle qui ne s’endort jamais, possède les meilleurs réflexes et est constamment vigilante : la voiture elle-même.

De la même manière qu’il est devenu obligatoire d’avoir des phares, des clignotants, des rétroviseurs, des feux stop ou de porter sa ceinture, de respecter des limitations de vitesse ou de conduire sans alcool, il deviendra obligatoire d’avoir un logiciel connecté qui conduit le véhicule à sa place. L’histoire de l’automobile est remplie d’innovations technologiques qui ont amélioré la sécurité des passagers (et des tiers) et qui sont devenues obligatoires. Il n’y a aucune raison de penser qu’il en sera différemment de la conduite automatisée, même si le risque d’accidents massifs causés par des pirates mal intentionnés ou plus simplement par un bug est tout sauf négligeable.

Peut-être, comme l’imagine Bill Gates, l’interdiction de conduire soi-même n’interviendra dans un premier temps que dans certaines villes, qui seront soucieuses de protéger la sécurité des piétons et de fluidifier la circulation. Mais dans 10, 30, 50 ou 100 ans, il fait peu de doutes qu’il sera interdit à un humain de conduire.

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