L’affaire a causé un certain émoi dans la communauté du Libre. Alors que la Cité des Sciences et de l’Industrie organise jusq’au 13 février 2011 une exposition sur la contrefaçon, la participation initialement prévue d’Isabelle Vodjani a été annulée en catastrophe par les organisateurs quatre jours avant l’ouverture de l’exposition. La raison ? Isabelle Vodjani, membre du collectif Libre Accès, devait présenter le principe du Libre au public. Chose que n’aurait pas souhaité l’INPI, principal partenaire de l’évènement.
« Notre partenaire principal, l’INPI, est farouchement opposé à ce que l’exposition donne la parole aux défenseurs du « libre ». Nous avons essayé de discuter et d’argumenter avec eux mais l’INPI reste intransigeant sur sa position. Nous sommes donc obligés, avec grand regret, de ne pas présenter votre parole que vous aviez, aimablement, accepté de rédiger et d’enregistrer » a-t-elle relaté sur son blog, en retranscrivant le message envoyé par les organisateurs.
Devant le tollé naissant, l’Institut National de la Propriété Industrielle a choisi de prendre les devants en publiant un communiqué de presse. « Nous avons finalement choisi de ne pas aborder le thème du logiciel libre dans cette exposition sur la contrefaçon afin d’éviter toute confusion et mélange des genres entre libre et contrefaçon, pour un public non-initié. Il ne s’agit donc en aucun cas d’une censure mais d’un souci légitime de clarté » explique l’INPI, dans un message co-signé par la Cité des Sciences. « De manière générale, le logiciel libre trouve sa place aussi bien à l’INPI, qu’à la Cité« , avaient-ils assuré.
Une déclaration qui n’a manifestement pas convaincu le Parti pirate. Dans un communiqué diffusé aujourd’hui, le mouvement estime que « sous son emballage pédagogique à destination du grand public, et des enfants en particulier, transparaît l’endoctrinement et la propagande« . Le ton est donné. « Le domaine public, le droit de citation ou les licences Libres sont autant de moyens de diffuser largement le patrimoine culturel et les richesses immatérielles, en toute légalité » note la formation politique. Dès lors, la participation d’Isabelle Vodjani était une bonne occasion de montrer l’existence d’une voie alternative légale au droit d’auteur.
« Des organismes publics qui se targuent d’apprécier les logiciels libres sont décidés à ne pas défendre ce qu’ils utilisent tous les jours. C’est de l’antipodisme ! » a critiqué Valentin Villenave, pour le Parti pirate. « Oublier les licences alternatives, c’est faire le choix de ne pas dresser le tableau complet de ce qui est légal et de ce qui ne l’est pas ; c’est prendre la défense, sciemment, d’intérêts privés auprès du grand public ».
L’INPI avait en effet souligné ne pas être anti-Libre. Preuve en est, l’institut « les utilise largement pour ses propres besoins » avait-elle affirmé. Même son de cloche du côté de la Cité des Sciences, qui a rappelé qu’elle a organisé par le passé des conférences et des démonstrations autour du logiciel libre. Mieux encore, la Cité des Sciences supporte le mouvement dans son Carrefour Numérique, tout au long de l’année.
À l’étranger, Richard Stallman, qui a eu vent de cette affaire, est pour sa part bien décidé à aller plus loin. « Peut-il y avoir des manifestations pour dire que cette exposition n’est que mensonge et propagande ? » questionne-t-il sur une liste de diffusion du Parti pirate. « Cela serait une bonne chose d’avoir des gens sur place le plus souvent possible, pour distribuer des tracts aux personnes qui viennent voir l’exposition« .
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