Coup de froid sur les services alternatifs reposant sur les fichiers hébergés par RapidShare. En effet, la société allemande a décidé de faire la chasse aux sites utilisant son nom pour mettre en avant des contenus piratés. Un changement de cap notable donc, pour un service qui a pourtant construit une grande partie de sa notoriété sur la violation du copyright.

Il ne fait pas bon ces derniers temps d’avoir un nom de domaine commençant par « rapid ». Surtout si la principale activité du site web en question réside dans la promotion de contenus piratés. En effet, Torrentfreak a rapporté hier que RapidShare, le fameux service allemand spécialisé dans l’hébergement de fichiers, a commencé à faire la chasse aux sites web qui exploitent la popularité de son nom de domaine.

« Nous sommes en train d’intensifier nos efforts pour contrer ce genre de sites, notamment contre les moteurs de recherche éponymes et les individus qui abusent de notre marque afin de distribuer des contenus protégés par copyright » a écrit le directeur exécutif de RapidShare, Bobby Chang, à l’attention de l’industrie du divertissement. Cette déclaration n’est pas forcément surprenante, dans la mesure où la société commence à adopter une nouvelle stratégie face au piratage des contenus.

Il faut dire que les ayants droit ont mené la vie dure à RapidShare. Depuis 2007, les condamnations se sont enchainées, notamment du côté de la justice allemande. À plusieurs reprises, et en fonction des plaintes, les différents tribunaux ont exigé la mise en place rapide et efficace de filtres visant à bloquer la mise en ligne de certains contenus piratés. Dernièrement, c’est la plainte de six éditeurs allemands qui a fait l’actualité, avec à la clé la mise en place d’un dispositif pour empêcher l’envoi de 150 livres numérisés.

Ainsi donc, parmi les sites ciblés par RapidShare, nous retrouvons des sites comme Rapidshare.net, Rapidshare4movies.com ou encore Rapid.org. Si nos confrères anglophones n’ont pas eu l’occasion de recueillir les réactions de tous les responsables, ils ont cependant interrogé le fondateur de Rapid.org sur ce sujet. « Nous n’allons pas nous conformer à ces menaces ridicules, comme leur demande d’abandon de notre nom de domaine, et nous allons continuer à bâtir notre communauté » a-t-il affirmé.

Et en cas de mauvaise surprise, tout serait prévu : « si à un moment où à autre il devient nécessaire pour nous de trouver un nouvel hébergeur de fichiers ou de mettre carrément en place le nôtre, nous en sommes tout à fait capables et sommes disposés à le faire« . Reste que, si c’est peut-être le cas pour RapidShare, tous les sites web du même genre n’ont pas forcément les épaules pour faire face à ces menaces judiciaires.

À première vue, la décision de RapidShare est incompréhensible. En effet, les sites visés par l’entreprise allemande n’aspiraient nullement le contenu hébergé sur les serveurs. En réalité, ils ne proposaient généralement qu’un simple moteur de recherche dédié, pour aider les internautes à dénicher le contenu souhaité. En d’autres termes, les Rapid.org et compagnie redirigeaient tout bêtement leur trafic directement vers RapidShare.

C’est d’ailleurs ce qu’a rappelé le fondateur de Rapid.org : « nous trouvons ça incroyable, si l’on considère le volume de trafic et le nombre d’abonnements premium que nous envoyons à RapidShare, qu’ils nous ciblent de façon si agressive et s’aliènent leurs propres clients« . Nul doute qu’une telle décision risque d’affecter significativement la notoriété de RapidShare, d’autant que le site a beaucoup oeuvré pour s’imposer comme un incontournable du secteur.

D’une certaine façon, ce n’est pas sans rappeler la stratégie adoptée par YouTube pour gagner en popularité, et devenir au final le numéro 1 des plates-formes vidéos. Pour y parvenir, le site racheté par Google en 2006 a tout simplement choisi de pactiser avec le diable, en adoptant une posture particulièrement laxiste vis-à-vis du respect des droits d’auteur et du copyright, afin de gagner encore et toujours plus d’audience.

Or aujourd’hui, cette popularité est paradoxalement la principale source d’ennuis pour YouTube. Il suffit pour cela de voir le montant réclamé par Viacom en vue du procès contre Google : 1 milliard de dollars de dommages et intérêts au site de partage de vidéos. Cependant, si le schéma est classique, la mise en œuvre est différente.

En l’occurrence, YouTube n’a jamais attaqué d’autres sites. Et RapidShare craint que le droit des marques, sans doute le moyen le plus simple pour fermer ou déréférencer un site, finisse par mettre son nez dans cette affaire, sous l’action des ayants droit. Dès lors, RapidShare a une réaction épidermique en attaquant tous azimuts.

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