Tout a commencé par une offre d’emploi, partagée sur LinkedIn par Lydia au début du mois de novembre 2023. L’entreprise, une « licorne française » qui propose des services financiers, cherche à recruter plusieurs personnes en son sein.
Dans l’annonce sur LinkedIn, il est question de recruter des personnes prêtes à « faire de Lydia la seule grande entreprise jusqu’à [leur] retraite », à faire de Lydia « leur compte principal », ou encore des personnes qui ne s’intéressent pas en priorité aux bénéfices accordés par l’entreprise, tels que le prix des tickets resto ou avoir une bonne mutuelle.
L’annonce alarme particulièrement Anne Boistard, la gérante du compte Instagram BalanceTonAgency, spécialisé dans la dénonciation des mauvais comportements des agences de communication. Elle voit dans la publication de nombreux « red flags », des signaux négatifs qui indiqueraient que l’entreprise ne serait pas vraiment saine.
Elle republie l’annonce et certains commentaires en story sur son compte Instagram (295 000 abonnés) le 11 novembre 2023. C’est là que les ennuis commencent.
Des accusations de mauvais comportements et un « coup de pression » de la part de Lydia
Pour Anne Boistard, plusieurs éléments sont inquiétants. Elle détaille dans sa publication que les formulations employées laissent penser que l’entreprise aurait des comportements problématiques avec ses employés. Anna Boistard note aussi que Lydia attendrait de ses possibles futures recrues certains sacrifices.
La phrase « Vous êtes discipliné et acceptez la hiérarchie » laisserait penser que les employés doivent être « obéissants, dociles, et soumis aux règles de l’entreprise » écrit-elle, le fait que Lydia demande aux candidats de faire d’elle « la seule entreprise » ressemblerait « à des voeux de mariage »… la liste des reproches formulés est longue.
Quelques heures après avoir publié en story sur Instagram ses conclusions, c’est la stupéfaction : elle reçoit un mail lui indiquant que son compte Lydia a été « fermé de façon définitive », car il aurait contrevenu à certaines règles d’utilisation de l’app. Anne se dit « choquée » par ce blocage, explique-t-elle à Numerama au téléphone. « C’est fou, je critique l’entreprise, et on ferme mes accès. Je crois que c’est ce qui a le plus choqué les gens, dans l’histoire. C’est un comportement dictatorial. »
Encore une heure plus tard, Anne Boistard reçoit encore un autre mail, dans lequel il est cette fois expliqué que le premier était une erreur — même si des irrégularités auraient tout de même été remarquées dans son compte. Elle raconte également avoir reçu un mail « paternaliste » de la part de l’un des directeurs de l’entreprise, dans lequel il lui explique qu’elle « n’aurait pas dû » mettre en ligne ses publications. Il l’accuse de diffamation, et explique que « l’impunité n’existe pas ». Anne Boistar estime qu’il s’agit d’un « coup de pression ».
Une communication discrète en externe
Appel à témoignages
Vous travaillez chez Lydia et avez des informations sur les conditions de travail au sein de Lydia ? Contactez Aurore Gayte par mail à l’adresse [email protected] ou sur Signal (demande de numéro par mail), l’anonymat est garanti.
Elle décide de publier, de manière plus visible, son histoire avec Lydia, dans deux posts sur Instagram, ainsi que dans un long thread sur X (ex-Twitter). Depuis, l’histoire a pris encore plus d’importance, et aurait poussé des utilisateurs à fermer leur compte. « Plein de gens se désabonnent de Lydia à cause de cette histoire, même si je n’ai pas appelé au boycott », raconte Anne Boistard. Sur X, où ses messages ont été vus près de 2 millions de fois, « plein de gens parlent de ça », assure-t-elle.
Du côté de Lydia, l’entreprise a, un temps, choisi de garder l’annonce sur LinkedIn, avant de finalement la supprimer. En interne, cependant, les dirigeants auraient plutôt minimisé la portée de la publication de Balance Ton Agency, et choisi d’assumer leurs propos.
D’après une capture d’écran du chat interne de l’entreprise, publiée par Anne Boistard dans un autre post Instagram, on peut lire l’un des dirigeants de Lydia dire qu’ « aider les gens à savoir s’ils s’adapteraient ou non en tant qu’employés de Lydia ne devrait certainement pas déclencher autant de réactions.»
Le post indique également que des experts en communication de crise leur auraient conseillé de garder le silence, et de laisser Anne Boistard « feuilletonner toute seule ». Contactée par Numerama, Lydia n’avait pas encore répondu à notre mail au moment de la publication de cet article.
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