La maison de disques Warner Music Group a un certain historique dans l’utilisation idiote des dispositions du DMCA, la loi américaine sur le droit d’auteur qui lui permet d’obtenir le retrait de certains contenus hébergés sur Internet, dont elle détient les droits. On se souvient par exemple qu’elle a fait retirer une présentation de Lawrence Lessig qui dénonçait justement l’abus du DMCA, qu’elle a contraint YouTube à couper le son sur ses clips, et qu’elle pénalise régulièrement ses propres artistes en leur interdisant de faire écouter leur musique sur leur site officiel.
Mais là, Warner a probablement battu le record du grotesque. Le blog musical No Rock And Roll Fun raconte ce lundi comment il a reçu début mars un e-mail d’une société de marketing employée par un label, qui lui proposait de mettre en ligne un morceau de Seasick Steve sur son blog. Le message disait explicitement que le morceau en question était « autorisé à la publication« . C’est une pratique courante lorsque les labels veulent faire connaître un album, et qu’ils proposent aux leaders d’opinion d’en publier une critique. Les blogueurs reçoivent en échange le droit de diffuser un ou plusieurs titres sans risquer de plainte en contrefaçon. C’est un accord gagnant-gagnant. L’e-mail donnait d’ailleurs un lien vers le téléchargement de l’abum complet, mais précisait que ce lien-là n’était pas autorisé à une distribution publique.
Aussitôt, le blogueur met en ligne un billet sur Seasik Steve, avec le lien vers la seule chanson qu’il avait le droit de proposer à ses lecteurs. Mais en revenant quelques jours plus tard sur son compte Blogspot, un message de Google le prévenait qu’une plainte en DMCA lui avait été adressée, affirmant que le morceau diffusé violait des droits d’auteur. Le billet a été supprimé.
Or, non seulement le label Rykodisc qui produit l’album est une filiale de Warner, qui aurait dû se mettre d’accord avec la maison mère pour éviter que ses avocats n’interfèrent avec sa politique marketing… mais en plus le blogueur n’hébergeait pas lui-même la chanson. Il s’était contenté de mettre un lien vers le MP3 hébergé par les propres serveurs de Warner.
Pourquoi, dès lors, demander à Blogspot le retrait du billet alors qu’il aurait été beaucoup plus simple de supprimer la chanson de ses propres serveurs ?
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