C’est un ouvrage littéraire non identifié, et un tour de force surprenant. La Tribune publie aujourd’hui son Dictionnaire politique d’Internet et du numérique, un ouvrage diffusé gratuitement qui rassemble 66 contributions d’horizons extrêmement différents, le plus souvent opposés.
En tournant les pages, on y trouve ainsi pèle-mêle des textes écrits par le président de la Sacem Bernard Miyet, le président de la SACD Pascal Rogard, ou encore le président de l’ALPA Nicolas Seydoux, mélangés à ceux du porte-parole de la Quadrature du Net Jérémie Zimmermann, ou du délégué général de l’APRIL Frédéric Couchet. Le tout associé à des textes de personnalités politiques aux opinions parfois divergentes (Patrick Bloche, Bruno Retailleau, Didier Migaud, Frank Riester, Christian Paul…). On y trouve aussi des contributions institutionnelles (les présidents de la CNIL, de l’ARCEP, du Forum des Droits sur Internet…), mais aussi de juristes, d’industriels, d’experts, d’universitaires, … la liste est longue, et de qualité.
Entre les mots « croissance », « sexe », « cybermonde », « art », « démocratie politique », « impôt », « vie privée », « travail », « régulation », « francophonie », « église », « gratuité », « éducation », « contrefaçon », « humanisme »… le dictionnaire offre un panorama extrêmement varié, qui aborde de très nombreuses problématiques que l’on traite chaque jour en analysant l’impact de la société sur la technologie de l’information, et réciproquement.
De manière assez remarquable pour un « dictionnaire politique d’internet et du numérique« , ni le mot « Internet » ni le mot « numérique » ne servent d’entrée au dictionnaire. Pas plus que les mots « internaute » ou « utilisateur ». Sans doute parce qu’ils sont transversaux. Voire plutôt, espérons-le, parce qu’ils sont au centre des préoccupations.
L’expression « neutralité du net » n’est pas non plus une entrée. Mais à ce sujet, on lira avec intérêt cette déclaration, assez inattendue, du très influent Alain Minc qui signe la préface du livre. Chacun peut y lire ce qu’il veut, dans la plus pure tradition de la langue de bois :
Simon Nora et moi avions plaidé, il y a plus de trente ans, dans notre Rapport sur l’informatisation de la société que l’informatique était neutre et qu’elle deviendrait ce que la société en ferait. Ce qui valait à l’époque pour l’informatique demeure a fortiori vrai pour l’Internet. Celui-ci peut être progressiste ou réactionnaire, libérateur ou aliénant, stimulant ou inhibant, totalitaire ou démocratique, monopoliste ou ouvert, novateur ou conservateur … Nous somme seuls responsables. Le résultat ne se lira d’ailleurs pas en blanc et noir. Le net peut être gage de progrès dans certains domaines et régressif dans d’autres. C’est affaire d’intelligence collective. Dans son utilisation. Dans son encadrement juridique. Dans ses échanges avec la société matérielle.
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