Avec les livres électroniques, sauf à opter pour des solutions entièrement sans DRM, les lecteurs perdent la propriété des livres qu’ils achètent. L’exemple d’Amazon qui a pu désactiver à distance des livres sur les Kindle de ses clients a été particulièrement révélateur. Mais les lecteurs perdent aussi une partie de leur vie privée.
Apple ou Amazon savent ainsi exactement quels livres sont achetés et lus par chacun de leurs clients sur leurs boutiques respectives pour l’iPad et le Kindle. Ce sera aussi le cas de Google avec son Google Editions. Cependant, l’abandon de sa vie privée va encore plus loin.
Le blogueur Bob Sullivan relate ainsi sur MSNBC le trouble de certains utilisateurs du Kindle, qui ont découvert que depuis la dernière mise à jour de l’appareil, Amazon enregistrait par défaut les passages qu’ils surlignaient dans leurs livres. La fonctionnalité permet au marchand d’afficher les passages les plus populaires des livres (« Popular Highlights »), pour donner envie de les lire, ou faciliter leur lecture rapide.
Amazon ne dévoile aucune information personnelle, puisqu’il ne propose que les passages surlignés par au moins trois utilisateurs différents. Mais s’ils refusent de participer au service des « Popular Highlights », les utilisateurs du Kindle ne bénéficient plus de la sauvegarde des notes et des passages qu’ils surlignent. S’ils perdent leur appareil ou s’il ne fonctionne plus, les lecteurs perdent toutes les annotations qu’ils ont pu ajouter. Il n’y a pas la possibilité de faire soi-même des sauvegardes en local plutôt que sur les serveurs d’Amazon.
A priori il s’agit d’une atteinte mineure à la vie privée, puisqu’Amazon n’affiche pas les noms des utilisateurs qui ont surligné tels ou tels passages. Mais dans ses bases de données, les passages surlignés par chacun des utilisateurs des Kindle sont bien conservés, d’abord pour les besoins de la sauvegarde. Or, comme le note Sullivan, « même si les données sont présentées anonymement, une base de données des notes de lecture pourrait devenir un trésor pour les forces de police« . « Des agents pourraient déterminer les auteurs des notes ou les utilisateurs qui surlignent un passage en obtenant un ordre judiciaire« , pour les besoins d’enquêtes de toutes natures.
Et vous, seriez-vous troublés de savoir que toutes les notes que vous prenez sur un livre et les passages que vous surlignez sont stockés sur des serveurs auxquels pourraient un jour accéder la police dans le cadre d’une enquête ? N’est-ce pas une raison supplémentaire de revoir le statut juridique des données distantes ?
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