Si vous souhaitez commander un plat sur une plateforme comme Deliveroo ou UberEats ce week-end du 2 et 3 décembre 2023, vous n’arriverez peut-être pas à recevoir votre repas de si tôt : les livreurs à vélos sont en grève ce week-end. Plusieurs syndicats, dont la GCT, Union-Indépendants et Sud ont appelé à un mouvement de grève, et des rassemblements et des manifestations sont également attendus dans plusieurs villes du pays.
Cet appel à la grève fait suite à une nouvelle grille salariale, mise en place par UberEats, qui pénaliserait les livreurs et ferait baisser leur salaire. Appelée « tarification dynamique » par l’entreprise, cette nouvelle grille aurait engendré « une perte de rémunération de l’ordre de 10 % à 40 % par rapport à la grille tarifaire précédente », selon le syndicat Union-Indépendants.
Pourquoi les livreurs font-ils grève à cause de la tarification dynamique ?
Concrètement, cette nouvelle tarification s’appuie sur des critères différents pour calculer le prix d’une course — et donc, le salaire que recevront les livreurs. Auparavant, « la tarification était basée sur un forfait kilométrique (distance entre le restaurant et le point de livraison) et un forfait de prise en charge », indique la FNAE, la fédération nationale des autoentrepreneurs et microentrepreneurs.
Désormais, « la nouvelle tarification intègre désormais tous les temps de trajet entre le lieu où se situe le livreur lorsqu’il accepte la course et le lieu de livraison chez le client et les temps d’attente au restaurant et au point de livraison. » Ainsi, « une même commande (même restaurant, même client), ne sera pas rémunérée de la même manière selon que le livreur est devant le restaurant ou à 1 km, et suivant l’heure de la journée (temps d’attente au restaurant). »
Dans les faits, assure UberEats, la nouvelle tarification ne devrait pas tant perturber les salaires des livreurs. « Si ce changement peut faire varier certaines courses à la hausse ou à la baisse, il ne vise pas à diminuer la rémunération moyenne par course », a expliqué la plateforme auprès de l’AFP. Ainsi, dans les villes où la nouvelle tarification a été expérimentée avant d’être lancée au niveau national, « la rémunération moyenne des courses (…) est restée stable avec une augmentation moyenne du revenu par course de 1,4 % », selon Uber Eats.
Pourtant, d’après de nombreux témoignages de livreurs, cette nouvelle tarification aurait engendré d’importantes baisses de revenus. Comment expliquer ce décalage entre les estimations d’UberEats, et le ressenti des livreurs ? Selon la FNAE, la tarification dynamique a surtout un impact sur « une catégorie de livreurs, en l’occurrence ceux qui ont pour habitude de stationner près des fast-foods et n’ont donc pas de temps de trajet pour rejoindre le lieu d’enlèvement du repas ». Ce seraient donc ces livreurs qui seraient disproportionnellement pénalisés.
En plus de ce changement de salaire brutal, les livreurs et les syndicats regrettent également le manque de communication d’UberEats, qui a pris la décision de changer sa tarification de manière unilatérale, « sans qu’à aucun moment Uber Eats ne leur ait demandé leur avis », selon Fabian Tosolini, délégué national d’Union-Indépendants. Pour l’instant, seule UberEats a procédé à un tel changement de tarification — mais les livreurs des autres plateformes sont également appelés à manifester.
C’est la première fois qu’un tel mouvement national est organisé au niveau national en France, et il est difficile de savoir à l’avance à quel point il sera suivi. Il est cependant facile d’imaginer que la grève aura un fort impact dans de nombreux endroits : sur X (anciennement Twitter), la CGT Livreurs a publié une longue liste de toutes les villes dans lesquelles une opération était organisée, laissant entrevoir une forte mobilisation de la part des livreurs.
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