Larry Page, le co-fondateur et président en charge des produits de Google, a donné vendredi une interview au journal Le Monde, dans laquelle il est revenu notamment sur la question des droits d’auteur. Le moteur de recherche a été condamné l’an dernier en France pour avoir numérisé des livres français sans autorisation et en avoir publié des extraits, et plusieurs autres procès en contrefaçon sont toujours en instance.
« C’est l’une des raisons pour lesquelles je suis venu à Paris« , indique Larry Page, qui avait rendez-vous hier avec Nicolas Sarkozy et le ministre de la culture Frédéric Mitterrand. « Dans le domaine de l’édition, mettre notre technologie au service de la culture nous motive beaucoup. Quand j’étais étudiant à Stanford, une inondation a détruit 50 000 ou 100 000 livres irremplaçables. Si seulement on les avait numérisés… Notre projet est simple : nous voulons passer des accords [avec des bibliothèques], sélectionner des ouvrages dans le domaine public et les numériser à nos frais. Mais à ce projet se sont mêlées des polémiques sur les droits d’auteur« , regrette-t-il.
S’il assure que « le droit d’auteur est important« , il estime cependant qu’il « pose des problèmes » pour l’innovation. « Prenons les magazines : pour les mettre en ligne, vous devez régler les droits sur des images dont vous ignorez les auteurs, les ayants droit, etc. Si nous devions réécrire la loi, nous le ferions autrement« .
Le directeur des affaires juridiques de Google David Drummond avait déjà plaidé l’an dernier pour l’adoption en France d’une sorte de « fair use » à l’américaine, qui puisse débloquer l’innovation. Le fait qu’il n’y ait pas en France et globalement en Europe de zone grise entre ce qui est interdit (le plus souvent) et ce qui est autorisé (explicitement) est jugé par Google responsable du manque d’innovation des start-ups européennes, par rapport aux entreprises américaines à succès comme Yahoo, eBay, Google et YouTube.
Si Google devait réécrire le droit d’auteur, « nous voudrions trouver une façon acceptable d’identifier les ayants droit, de les rétribuer, d’ouvrir l’accès aux œuvres« , explique Page. « Trouver la solution parfaite prendra du temps. D’ici là, je voudrais trouver un compromis satisfaisant. Sinon, le risque, c’est que des contenus disparaissent définitivement« .
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