Lorsqu’elles sont regardées par leurs spectateurs, les chaînes de la TNT souhaitent interdire l’affichage de services interactifs autre que ceux qu’elles éditent elles-mêmes. Elles prévoient d’imposer une charte en ce sens aux constructeurs de téléviseurs connectés qui souhaitent bénéficier de leurs services comme la télévision de rattrapage.

La lettre professionnelle Satellifax nous apprend ce mercredi que les éditeurs des chaînes de la TNT s’apprêtent à signer une charte qu’ils comptent imposer d’ici septembre à tous les fabricants de téléviseurs connectés et autres appareils destinés à afficher des services interactifs à l’écran (adaptateurs TNT, lecteurs et enregistreurs DVD ou Blu-Ray, consoles de jeux vidéo..). Les industriels qui ne respecteront pas les engagements présents dans la charte ne pourront pas proposer à leurs utilisateurs l’accès aux services interactifs des chaînes : VOD, télévision de rattapage, bandes annonces, contenus enrichis, sites internet…

Le contenu de la charte nourrit l’histoire de ces industriels qui brident l’innovation en cherchant à la contrôler à leur seul bénéfice. Son objectif est clairement d’empêcher les téléviseurs d’afficher à l’écran autre chose que les contenus et services proposés par les chaînes elles-mêmes. Les éditeurs « ne souhaitent pas que des applications éditées par des tiers ou non sollicitées par le téléspectateur viennent parasiter leurs antennes« , résume Satellifax.

La charte ne se contente pas en effet d’engagements sur l’adoption de standards communs, que ce soit en termes d’interopérabilité entre les flux et les services, ou d’interfaces proposées aux utilisateurs. Elle impose surtout que « lors de l’affichage du programme d’une chaîne, les surimpressions, incrustations ou apparitions de services, contenus éditoriaux, publicitaires, raccourcis, sollicitations publicitaires ou d’achats ne peuvent être contrôlés que par le seul éditeur de la chaîne concernée« .

Pire, elle dépossède entièrement le consommateur de tout contrôle sur son propre équipement. « Ni un choix proposé par un tiers, opérateur, industriel ou fournisseur de service, ni un choix paramétré par le téléspectateur lui-même ne sont acceptés, y compris si ce choix provient d’un autre matériel connecté au téléviseur« .

Concrètement, les fabricants de téléviseurs connectés devront donc s’interdire d’utiliser par exemple la plate-forme Google TV, qui ajoute l’interactivité par le biais d’un moteur de recherche unifié entre web et programmes télévisés, et par des widgets développés par les utilisateurs plutôt que par les chaînes de télévision elles-mêmes.

Les grandes chaînes traditionnelles ont déjà signé des accords avec des fabricants de téléviseurs connectés : LG avec Orange et Canal, Samsung avec TF1, Sony avec M6, etc.

Mais on n’imaginerait pas TF1 réservé demain aux seuls téléviseurs Samsung, ou M6 réservé aux seuls téléviseurs Sony. Pourquoi devrait-on l’accepter davantage concernant leurs services interactifs ?

Plutôt que d’accompagner la signature de tels accords qui excluent toute concurrence et freinent considérablement l’innovation sur les téléviseurs, les pouvoirs publics devraient au contraire obliger les chaînes de télévision à autoriser l’accès à leurs services interactifs à quiconque souhaite les distribuer, à l’image de ce qu’ils commencent enfin à envisager dans la musique en ligne.

C’est aussi là que se joue, en quelque sorte, l’avenir de la neutralité des réseaux.

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