On aurait pu croire que la condamnation de The Pirate Bay en Suède, ainsi que la fermeture en réaction épidermique de plusieurs sites de moindre envergure, allait porter un rude coup à la résilience de la technologie BitTorrent. Or, force est de constater qu’un an après, jamais les échanges via les réseaux P2P ne se sont aussi bien portés.
Souvenez-vous. Le 17 avril 2009, le tribunal de Stockholm tranchait en faveur des ayants droit, en condamnant les trois administrateurs du site (Fredrik Neij, Peter Sunde, Gottfrid Svartholm Warg) et l’homme d’affaire Carl Lundström pour le délit de contrefaçon. La peine fut lourde, puisque le président du tribunal décida de suivre les réquisitions du procureur en ordonnant un an d’emprisonnement et 3 millions d’euros de dommages et intérêtsÉvidemment, toute l’industrie du divertissement se félicita de cette prise de conscience de la justice, convaincue qu’elle allait avoir un effet boule de neige dans les autres pays et un effet dissuasif du côté des internautes.
Un an plus tard, force est de constater que ce n’est pas le cas. Grâce à la technologie du DHT et du PEX, les initiatives se sont multipliées, au point que la fermeture d’un tracker central n’est plus fondamentalement un problème pour la résilience des échanges sur BitTorrent.
Comme nous l’avions expliqué en novembre dernier, le DHT (pour Distributed Hash Table) est un protocole permettant de décentraliser totalement la distribution des fichiers sur un réseau peer-to-peer. Grâce à cet outil, plus besoin de passer par un tracker pour dénicher de nouvelles sources de téléchargement (des pairs : seeds ou peers en anglais).
Combiné au PEX (Peer EXchange), une technologie permettant d’échanger automatiquement de pair à pair les sources de téléchargements disponibles, les trackers sont devenus moins essentiels. Et pour cause, les internautes peuvent désormais s’échanger directement des adresses IP entre utilisateurs, sans passer par un serveur spécifique.
Cette évolution technique a ainsi conduit The Pirate Bay à abandonner son tracker, expliquant que « le développement du DHT a atteint un niveau où un tracker n’est plus nécessaire pour utiliser un torrent« . Les administrateurs de The Pirate Bay avaient alors considéré que l’outil, « plus rapide et plus stable pour les utilisateurs« , ne comportait désormais plus « de point central sur lequel s’appuyer« . Au grand regret des ayants droit.
C’est d’ailleurs ce qu’a souligné Torrentfreak dans son dernier classement mensuel des principaux trackers publics BitTorrent. Les trois premiers sites du classement (PublicBitTorrent, OpenBitTorrent et Denis.Stalker) n’hébergent pas eux-mêmes les torrents indexés. Ils ne s’occupent que de la bonne communication entre les téléchargeurs.
Les statistiques du mois de juin montrent que PublicBitTorrent et OpenBitTorrent sont dans un mouchoir de poche, avec près de 2,3 à 2,4 millions de torrents recensés, et un peu plus de 21 millions de peers connus. Derrière, Denis.Stalker liste près de 1,6 million de torrents pour 10,5 millions d’internautes. Des chiffres certes impressionnants, mais qui sont porteurs d’un problème autrement plus sérieux : que se passerait-il si les cinq premiers de la liste étaient indisponibles ?
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