Et si les navigateurs web comme Firefox, Google Chrome, Safari et Edge participaient bien plus activement à la lutte contre le piratage des œuvres sur le net, en forçant les internautes à rentrer dans le rang ? C’est la piste que voudrait explorer Rightscorp, une entreprise travaillant pour le compte de l’industrie culturelle, en obligeant les internautes à payer immédiatement une amende en cas d’infraction.
Repérée par Torrentfreak, l’idée de Rightscorp est très simple sur le papier : il s’agit tout simplement de détourner l’usage du navigateur web dès que celui-ci détecte une pratique illicite sur Internet. Dans les faits, le navigateur aurait un fonctionnement assez similaire à un quelconque « ransomware », en empêchant l’internaute ayant commis un piratage de surfer normalement tant qu’il n’a pas versé une amende aux ayants droit.
« Dans ce système de droit d’auteur adaptable, les abonnés reçoivent chaque préavis de règlement directement dans leur navigateur », écrit la société, qui est surtout connue pour les pressions qu’elle exerce sur les internautes pris à télécharger des fichiers sans accord des ayants droit, en leur réclamant par mail le paiement sans délai d’une amende afin de ne pas aller devant les tribunaux.
Dans le système imaginé par Rightscorp, l’amende ne serait pas forcément exigée dès la première infraction. Celle-ci pourrait être réclamée lorsqu’un certain nombre d’infractions a été atteint au cours d’une période de temps bien précise, comme par exemple cinq téléchargements illicites dans un seul mois. À ce moment-là, la notification adressée via le navigateur ne serait plus contournable tant que le paiement n’a pas été effectué.
Ils ont la technologie pour afficher nos avertissements sur les navigateurs de leurs abonnés
Rightscorp estime que l’aide des opérateurs est requise pour ce dispositif. « Son implémentation aura besoin de l’accord des fournisseurs d’accès. Nous avons eu des discussions avec plusieurs d’entre eux sur la mise en place de ce système et avons l’intention d’intensifier ces efforts. Ils ont la technologie pour afficher nos avertissements sur les navigateurs de leurs abonnés », juge-t-il.
La piste proposée par Rightscorp soulève naturellement de lourdes questions en termes de vie privée et d’intrusion technique dans le quotidien des internautes. Elle questionne aussi la perspective de faire du ransomware un moyen permettant de contraindre l’usager à adapter son comportement sous peine de voir son accès à Internet être en quelque sorte pris en otage au nom de la lutte contre le piratage.
En outre, son efficacité n’est pas certaine. Si l’internaute modifie les serveurs DNS de son PC, s’il utilise un VPN pour masquer ses activités en ligne ou s’il évite de passer par le web pour télécharger des œuvres culturelles, en privilégiant par exemple un réseau de partage de fichiers en pair à pair comme eMule ou BitTorrent au lieu de télécharger à travers son navigateur web, Rightscorp ne risque-t-il pas d’être impuissant ?
La réflexion de Rightscorp n’est en tout cas pas une totale nouveauté. Déjà en 2013, la célèbre Recording Industry Association of America (RIAA), une association professionnelle chargée de défendre les intérêts de l’industrie musicale aux USA, proposait d’associer les navigateurs web à la lutte contre le piratage. À l’époque, il était suggéré d’afficher un message d’avertissement en cas de visite d’un site accusé de favoriser les infractions au droit d’auteur.
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