Elon Musk a beau se considérer comme un intraitable partisan de la liberté d’expression, il accepte en réalité bien plus de limites qu’il ne veut bien le reconnaître. Dernier exemple en date : un compte sur X (ex-Twitter) en lien avec l’organisation terroriste du Hamas a été suspendu. C’est ce que rapporte Business Insider le 9 janvier.
Le compte, qui n’est aujourd’hui plus accessible, se faisait appeler Qassam2024, un nom choisi en écho aux brigades Izz al-Din al-Qassam, la branche armée du Hamas. Il s’agit d’un compte de toute évidence très récent, son nom renvoyant à l’année en cours. En tout cas, le site Internet Archive, qui mémorise le web, ne dispose d’aucun historique sur ce profil avant le 8 janvier.
On ignore s’il a été suspendu à la suite d’un signalement ou s’il s’agit d’une action préventive de la modération du réseau social. Les captures d’écran conservées par Internet Archive montrent que Qassam2024 avait environ 10 000 abonnés. Le profil ne semblait suivre personne, à en croire la capture la plus récente du compte, avant sa suspension.
Interpellé à ce sujet, Elon Musk a répondu en expliquant que « cette décision a été difficile à prendre ». Dans son message, publié le 9 janvier, il a aussi évoqué une « règle » qui permet au réseau social d’intervenir plus directement. Cette dérogation est, selon l’entrepreneur américain, liée avec les pratiques des Nations unies. Sans une reconnaissance officielle, la modération peut frapper.
« Bien que de nombreux chefs de gouvernement, y compris aux États-Unis, appellent à tuer des gens, nous avons une ‘règle d’exemption de l’ONU’ : si un gouvernement est reconnu par l’ONU, nous ne suspendons pas ses comptes. Le Hamas n’étant pas reconnu comme un gouvernement par les Nations unies, son compte a été suspendu », est-il écrit.
Le compte Qassam2024 a publié quelques tweets, selon les captures gardées par Internet Archive, mais il n’a pas été possible de les consulter (et de les traduire, s’ils étaient rédigés en arabe) ni de vérifier s’ils incluaient des contenus enfreignant les règles du site communautaire.
En principe, les discours violents, les entités violentes ou haineuses, la conduite haineuse, les auteurs d’attaques violentes sont autant de motifs qui peuvent entraîner une action de la modération. Cela peut inclure un verrouillage temporaire du compte ou bien sa suspension provisoire ou définitive. Parfois, le contenu peut rester en place, mais être rendu moins visible.
Un argument qui sonne comme un prétexte
L’exception avancée par Elon Musk a pu apparaître comme un prétexte, une excuse tout droit sortie d’un chapeau. Cet argument n’a jamais été évoqué auparavant par l’intéressé et beaucoup d’internautes ont réagi en dénonçant cette modération, ou pour critiquer l’idée que la liberté d’expression dépendrait de l’ONU — instance dénoncée régulièrement outre-Atlantique.
Si nous n’avons pas trouvé de mention explicite au sujet d’une dérogation en lien avec l’ONU dans les règles du réseau social, il existe toutefois une page relative aux exceptions d’intérêt public sur X. Dans celle-ci, le réseau social explique les raisons pour lesquelles une publication d’un élu ou d’un représentant du gouvernement peut rester en ligne, même s’il enfreint ses règles.
C’est cette raison que Twitter avait brandie lorsque, en 2020, un message publié sur Twitter par l’ancien Premier ministre malaisien ayant provoqué la colère de Paris. Ce tweet avait été assimilé à un appel au meurtre contre les Français. Twitter a décidé de conserver le tweet, mais de le masquer par défaut, au nom de l’intérêt majeur du public de connaître l’action et la déclaration de l’intéressé.
Le Premier ministre en question, qui n’était plus en poste au moment de l’affaire, était toutefois toujours identifié comme une personnalité publique par Twitter. En outre, il a fait partie d’un gouvernement dont le pays est largement reconnu par les Nations unies. Une différence peut-être clé entre le choix de maintenir un tweet pour l’un, mais de supprimer le compte pour l’autre.
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