Pascal Nègre, qui regrettait l’an dernier d’avoir « mis trop de temps pour convaincre les pouvoirs publics d’agir« , parce que « si on avait eu l’Hadopi il y a quatre ans, ça aurait vraiment changé quelque chose« , est un éternel optimiste. Pour ne pas dire un éternel naïf. En marge de la conférence annuelle de la Société Civile des Producteurs Phonographiques (SCPP), le président d’Universal Music France a confié à un cercle de journalistes les raisons pour lesquelles selon lui les messages d’avertissement fonctionneront. C’est Marie-Catherine Beuth qui le raconte sur son blog du Figaro :
Pascal Nègre parie que les premiers destinataires de ces missives – dont le contenu type n’a pas encore tout à fait été fixé – s’empresseront de publier leur mail accusateur sur leur wall Facebook. « Ses 1000 ou 1500 amis seront au courant, ils informeront à leur tour leur 1500 amis. Ce sera dans le quotidien des Français », analyse le patron de maison de disque.
Du marketing viral donc, au service de la mission Hadopi (qui est de sanctionner mais aussi d’éduquer les internautes), et dont les meilleurs messagers seraient donc les pires ennemis des ayants-droits ! :)
C’est bien pensé. Il est vrai que toute la stratégie de l’Hadopi va consister à médiatiser au maximum les premiers messages d’avertissement envoyés aux abonnés, et c’est d’ailleurs pour cette raison que la Haute Autorité et les ayants droit devraient attendre la rentrée de septembre, plus propice à un reportage angoissant au journal de 20H. Dans cette optique, l’exploitation indirecte des réseaux sociaux et du bouche-à-oreille numérique sera évidemment d’un très grand secours.
Mais Pascal Nègre oublie que ce qui fonctionne en positif, fonctionnera aussi en négatif. Les internautes seront tout aussi nombreux, voire plus nombreux encore, à relayer sur Facebook, Twitter et autres réseaux sociaux les irrémédiables solutions anti-Hadopi qui ne manqueront pas de se faire connaître. Ca a été le cas en Suède avec le succès phénoménal du VPN IPredator, et il n’y a aucune raison que ça ne soit pas le cas également en France.
Lorsqu’une mesure est perçue comme illégitime, une fois le premier sentiment de peur passé, le réflexe de beaucoup d’individus est de chercher à la contourner. Ca passera par des astuces techniques, mais aussi par des astuces juridiques. Après quelques mois au mieux d’expectative, les internautes apprendront rapidement que les courriels envoyés ne seront jamais suivis de sanctions. Et le piratage reprendra de plus belle, sans doute via des canaux autres que le P2P qui seront à l’abri des chasseurs de pirates employés par les ayants droit.
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