Le directeur général du studio Paramount Frederick Huntsberry ne croit pas à l’efficacité de la riposte graduée pour lutter contre le piratage. Et il a bien raison. Lors de la Cinema Expo d’Amsterdam, Huntsberry aurait ainsi expliqué que le P2P était derrière nous, et que les nouvelles générations d’internautes allaient plus volontiers sur des sites de stockage en ligne (des « cybercasiers ») qui permettent le téléchargement direct. Les RapidShare et autres MegaUpload sont la version web des serveurs FTP et autres canaux IRC d’antan.

« Les cybercasiers représentent désormais le moyen privilégié par lequel les consommateurs profitent des contenus piratés« , a ainsi regretté le patron de la Paramount. « Parfois ces sites sont mieux faits que les sites légitimes. C’est l’ironie« . Il constate aussi la montée en puissance des sites qui offrent directement les films et séries TV en streaming, avec une qualité qui s’accroit avec la montée en charge des bandes passantes chez des consommateurs qui sont parfois prêts à payer quelques euros par mois pour accéder à autant de contenus qu’ils le souhaitent.

Frederick Huntsberry a compris que la riposte graduée ne pouvait pas s’adapter à ces nouvelles pratiques, puisqu’il est impossible de savoir qui accède à quels contenus en dehors des réseaux P2P. L’Hadopi en France a beau répéter qu’elle s’adaptera au streaming et au téléchargement direct, alors que les textes ne s’attaquent qu’au P2P, de telles déclarations ne peuvent convaincre que des ignorants. Nous l’avions expliqué en 2008 dans la troisième de nos 10 bonnes raisons de rejeter la loi Hadopi, sur lesquelles nous revenons régulièrement.

La chasse aux adresses IP sur les réseaux P2P est possible parce que celui qui collecte les adresses IP se place comme pair au milieu des pairs. Il reçoit, comme tous les utilisateurs du réseau P2P, les demandes de ceux qui cherchent à télécharger un fichier, et les réponses de ceux qui se proposent de le partager. Il lui suffit donc de prendre son calepin et de noter les offres et les demandes illégales. Mais dans les cas du streaming et du téléchargement direct, il n’y a pas de relai entre la personne qui demande un fichier et le serveur qui le lui envoie. Seul le fournisseur d’accès peut éventuellement en avoir connaissance, mais ça serait lui imposer une mission de surveillance a priori inconstitutionnelle, puisque totalement attentatoire à la vie privée. Elle serait aussi beaucoup trop coûteuse pour être réaliste.

Huntsberry demande pour sa part que les FAI aient l’obligation de bloquer l’accès aux sites de stockage comme RapidShare. Mais encore faut-il que ces sites soient déclarés illégaux, ce qui n’est pas le cas, puisqu’ils hébergent aussi des contenus légaux.

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