Le changement, c’est presque pour maintenant. Spotify trépigne visiblement d’impatience avant la mise en œuvre d’un tout nouveau règlement européen — le Digital Market Act (DMA). La preuve : l’entreprise de streaming audio a communiqué ce mercredi 24 janvier sur le futur de son application mobile, qui sera, selon elle, bien meilleure qu’aujourd’hui.
À en croire le géant suédois de la musique en ligne, « si vous vivez dans l’Union européenne, vous êtes sur le point de découvrir un nouveau Spotify. Vous pourrez y voir tous les tarifs d’abonnement, les promotions et les offres, et même faire des achats, le tout de manière transparente dans l’application. »
Le DMA vise à juguler les plateformes par rapport à la concurrence. Il s’articule avec le Digital Services Act (DSA), qui couvre les pratiques internes de la plateforme.
Ce ne serait donc qu’une question de temps. En effet, le DMA doit entrer en application à partir du 6 mars 2024. Or, dans le cadre de ce nouveau texte, des obligations particulières s’imposent à certaines très grandes entreprises, considérées comme des « contrôleurs d’accès » (« gatekeepers »). En tout, six sociétés de ce genre ont été identifiées.
La firme de Cupertino figure parmi ces six gatekeepers, en raison du poids de certains de ses produits et services. Trois secteurs sont visés : la navigation web (Safari), le système d’exploitation (iOS) et l’accès aux applications (App Store). Pour Spotify, le problème réside dans les règles qu’applique Apple sur l’App Store.
Dans le monde idéal de Spotify, il est censé être possible de :
- s’abonner directement au service de streaming ;
- afficher les promotions tarifaires et leurs montants ;
- afficher les prix des abonnements ;
- fournir des indications et des liens pour s’abonner ;
- acheter des livres audio directement ;
- télécharger d’autres applications de Spotify, y compris hors de l’App Store.
Tout ceci n’existe pas (encore ?) sur Spotify, en raison des restrictions sur la boutique, et justifiées par Apple au nom de la sécurité des internautes. Bien sûr, Spotify pourrait actualiser son application et fournir tout le nécessaire pour s’abonner. Sauf qu’il lui faudrait payer la fameuse commission de 30 % d’Apple sur les achats in-app.
« Cela devrait être aussi simple pour tous les clients de Spotify, partout dans le monde », écrit la plateforme musicale, qui compte désormais les jours avant l’arrivée du DMA. Et de plaindre les autres régions du monde : « vous continuerez à rencontrer des obstacles frustrants à cause des règles ridicules d’Apple. »
Tout va-t-il vraiment changer comme Spotify l’espère ?
Tout changera-t-il dès le 6 mars, alors ? C’est ce que souhaite Spotify, mais rien ne dit que tout se passera sans accroc dès le jour J. Or, comme l’écrit le Wall Street Journal ce 24 janvier, « Apple prévoit de nouveaux frais et de nouvelles restrictions pour les téléchargements en dehors de l’App Store ». Qu’importe le DMA, donc.
De toute évidence, Apple n’est pas disposé à se rendre sans combattre et il n’est absolument pas dit que l’entreprise américaine applique le DMA de la façon dont le souhaiterait Spotify. La firme de Cupertino pourrait rajouter ici des exigences qu’elle retire là, que ce soit sur les liens externes ou bien le téléchargement d’applications hors de l’App Store.
Autrement dit, cette version rêvée de Spotify sur iOS n’est pas certaine d’exister dès le 6 mars. En tout cas, sans doute pas avant un bras de fer avec Apple, qui a plus intérêt à traîner des pieds qu’à faire du zèle. Dans ce duel annoncé, la Commission européenne pourrait y mettre son nez pour voir si le DMA est appliqué correctement.
Un début de réponse arrivera avec la sortie imminente d’iOS 17.4, qui doit inclure la prise en charge des boutiques d’applications tierces et du chargement d’applications hors App Store sur l’iPhone, rapporte entre autres Mac Rumors le 23 janvier. Cela donnera déjà une idée de ce que les développeurs peuvent faire ou ne pas faire en la matière.
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