On imaginait que l’absence notable de quelques acteurs-clés comme Apple, Disney ou encore Amazon allait affaiblir durablement la mise en œuvre des objectifs du consortium du Digital Entertainment Content Ecosystem (DECE). Finalement, il n’en sera rien. En effet, malgré l’absence de ces trois sociétés, l’alliance regroupant près de 60 membres a décidé d’aller de l’avant.
Mais qu’est-ce que le DECE exactement ? À l’origine, il s’agissait d’une idée de Sony. En 2008, la firme japonaise avait émis le souhait de regrouper autour d’elle un certain nombre d’industriels afin de concevoir un environnement unifié et verrouillé. De cette façon, les industriels – qu’ils soient spécialisés dans les contenus ou dans la high-tech – pourraient conserver le contrôle des œuvres, tout en permettant aux consommateurs de lire leurs contenus sur n’importe quelle machine, pourvu qu’elle soit déclarée au DECE.
En ligne de mire, c’était bien évidemment les échanges illicites sur les réseaux peer-to-peer qui étaient visés. Et l’idée a su séduire : parmi les membres du DECE, nous retrouvons ainsi Adobe, Alcatel-Lucent, Cisco, Comcast, DivX, Dolby, DTS, Fox Entertainment, Hewlett-Packard, IBM, Intel, LG Electronics, Lionsgate, Microsoft, Motorola, NBC Universal, Nokia, Panasonic, Paramount Pictures, Philips, RIAA, Samsung, Sony, Thomson, Toshiba, VeriSign ou encore Warner Brothers.
Dès cet automne, le projet de DRM universel – renommé pour l’occasion en UltraViolet – entrera dans une phase de beta test. Selon les promoteurs de cette technologie, UltraViolet permettra à chaque consommateur de créer un compte personnel gratuit afin d’accéder à tous les programmes affiliés au projet UltraViolet, et cela indépendamment de la plate-forme utilisée ou de l’endroit où le contenu a été acheté.
À première vue, UltraViolet semble donc une solution attrayante. Les industriels font le pari d’un format standard et commun afin de faciliter l’interopérabilité des contenus entre les différentes plates-formes. Cependant, comme nous l’avions expliqué à l’époque, la réussite d’un tel système ne peut se faire – a priori – si les nouveaux usages des consommateurs ne sont pas pris en compte.
Dans le fond, la technologie UltraViolet poussera les consommateurs à déclarer leurs matériels afin qu’ils puissent justement profiter de cette interopérabilité. Une fois que plusieurs matériels sont liés à un même « domaine numérique », le gestionnaire des domaines s’occupe de valider les autorisations et d’assurer l’interopérabilité des contenus entre les matériels enregistrés et les fournisseurs de contenus autorisés.
Mais UltraViolet parviendra-t-il à s’imposer ? D’une part, les consommateurs ont montré par le passé une certaine résistance à un contrôle trop poussé des contenus. Dans ce domaine, on se soutient notamment de l’expérience malheureuse d’Electronic Arts avec son jeu vidéo : Spore. La situation était devenue absurde au point que le fichier pirate du jeu était beaucoup plus souple et utilisable que la version commerciale.
D’autre part, comme nous l’avons mentionné plus haut, quelques acteurs manquent à l’appel. Or, Disney et Apple poursuivent manifestement le même objectif, mais en faisant cavalier seul. En effet, Disney développe un système concurrent surnommé le KeyChest, tandis qu’Apple reste solidement attaché à son projet de DRM FairPlay.
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