Ce n’est pas une surprise, l’Australie est l’un des pays du bloc occidental les plus avancés en matière de filtrage d’Internet et de rétention des données. Ainsi, il a été question de conserver l’historique des recherches et les mails pendant 10 ans et de bouter hors du pays tous les contenus déviants, notamment pornographiques. Dernièrement, cet activisme dans ce domaine s’est traduit d’une façon tout à fait inattendu.
Le journaliste Ben Grubb, du quotidien australien The Age, rapporte en effet que le gouvernement a récemment tenu une réunion secrète avec les fournisseurs d’accès à Internet locaux, en mars dernier. Curieux de savoir de quoi il en retournait, il a demandé à accéder au document, au nom de la législation australienne de la Freedom of Information (droit pour chacun d’accéder aux documents produits par l’administration australienne).
Une demande qui a donc été honorée… mais pas de la façon souhaitée par Ben Grubb. En effet, la version transmise au journaliste est inexploitable : près de 90 % du document (.pdf) est barbouillé de noir, afin d’en masquer le contenu. Et Claudia Hernandez, une agent du bureau du procureur général australien, de justifier cette politique dans une lettre (.pdf) :
La divulgation de la version non-censurée du document « pourrait entrainer des débats prématurés et inutiles, tout en portant potentiellement préjudice et entravant les décisions du gouvernement« . Et d’ajouter un peu plus loin qu’une « divulgation trop rapide pourrait, de façon plus que probable, entrainer une confusion et une impression faussée« .
C’est vrai que fournir un document censuré à 90 % portant sur la problématique du filtrage est typiquement le genre de décision qui ne risque absolument pas d’entrainer une confusion et une impression faussée sur les intentions du gouvernement australien. À ce compte-là, autant ne rien diffuser du tout.
Les réactions ne se sont pas faites attendre. Cités par The Age, le chef de file de l’opposition au Sénat, George Brandis a estimé que c’était la preuve « à quel point ce gouvernement est devenu orwellien« , tandis que le porte-parole de l’association Electronic Frontiers Australia a estimé que ce document était « une blague« .
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