Une caricature représentant le président turc a été censurée sur Facebook. L’auteur a toutefois obtenu sa remise en ligne après avoir protesté auprès du réseau social.

Gare à ce que vous publiez sur Facebook. Le réseau social n’hésitera pas à supprimer tous les contenus enfreignant ses conditions d’utilisation, comme ça avait été le cas pour les précédents de l’Origine Du Monde de Gustave Courbet, d’une caricature du New Yorker ou du centre d’art parisien du Jeu de Paume. Mais il arrive parfois que le site communautaire fasse machine arrière.

C’est ce qui s’est passé avec le caricaturiste néerlandais Ruben L. Oppenheimer. Celui-ci a mis en ligne sur sa page Facebook une caricature montrant le président turc Recep Tayyip Erdogan, vêtu d’un slip représentant le drapeau de l’État islamique, en train de s’acharner sexuellement sur le symbole de Twitter, un oiseau bleu rondouillard. Le tout, avec le texte suivant : « Erdogan n’est pas un enculeur de chèvres ».

Erdogan caricaturé

Comme le raconte le site The Interdisciplinary Internet Institute, ce dessin a été réalisé peu après l’intervention d’un humoriste allemand, Jan Böhmermann, qui s’était largement payé la tête d’Erdogan à la télévision en le présentant comme un zoophile et un pédophile. Sauf qu’aujourd’hui, l’humoriste est la cible d’une action judiciaire lancée par le président turc, qui veut obtenir sa condamnation.

Comme le précise Le Figaro, la législation allemande comporte un délit d’insulte spécifique pour les chefs d’État étrangers. Jan Böhmermann risque actuellement jusqu’à trois ans de prison si la justice finit par le condamner. En début de semaine, une plainte a été transmise par Recep Tayyip Erdogan. Si celle-ci est validée par les tribunaux allemand, une procédure judiciaire sera ouverte.

Une caricature en réaction aux propos assassins d’un humoriste allemand contre Erdogan

La caricature a toutefois été retirée sans crier gare du compte du caricaturiste. Les raisons de cette censure ne sont pas claires. Un message transmis à Oppenheimer note que le dessin a enfreint les conditions d’utilisation de Facebook, sans dire lesquelles.

« Nous pouvons retirer les contenus ou les informations que vous publiez sur Facebook si nous jugeons qu’ils enfreignent la présente Déclaration ou nos règlements ». Parmi les éléments qui peuvent être retirés du site figurent contenus haineux, pornographiques, violents, ou présentant de la nudité. Plus loin, le site interdit aux utilisateurs d’entreprendre sur Facebook ce « qui pourrait enfreindre les droits d’autrui ou la loi ».

Dans les standards de la communauté, Facebook précise toutefois que si des restrictions s’appliquent sur l’affichage de nudité et d’activité sexuelle, le réseau social accepte des exceptions si « le contenu est publié à des fins éducatives, humoristiques ou satiriques ». Une règle qui concerne manifestement l’image incriminée, au regard de ce qu’elle est et de ce qu’elle représente.

Quoiqu’il en soit, l’incident a connu un dénouement heureux pour Ruben, puisque sa caricature a été remise en place.

Un mail automatique d’excuse a été envoyé par le réseau social. Dans celui-ci, le site explique « qu’un membre de notre équipe a retiré par inadvertance quelque chose que vous avez publié sur Facebook. C’était une erreur et nous sommes vraiment désolés pour cette erreur. Nous avons depuis restauré le contenu et vous devriez pouvoir le voir à nouveau ».

Depuis son élection à la présidence turque, en août 2014, Recep Erdogan s’est illustré par une certaine dérive autoritaire et a multiplié les actions en justice en Turquie et à l’étranger contre tous ceux « l’insultant ». Certaines de ses personnes ont été mises en détention, et la notoriété d’autres ne suffit pas à les protéger. Ainsi, le footballeur Hakan Sükür, ex-star en Turquie, s’est aussi retrouvé dans la ligne de mire d’Erdogan.

Cet activisme a donné lieu à des plaintes assez hallucinantes, comme celle visant à savoir si le personnage de Gollum dans le Seigneur des Anneaux est un être bon ou méchant, positif ou négatif. De la réponse à la question dépend l’issue d’un procès pénal intenté contre un professeur de médecine accusé d’avoir publié un montage insultant contre le président turc Recep Tayyip Erdogan.

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