Hier soir, le président Hollande était l’invité de David Pujadas, Léa Salamé et Karim Rissouli pour la nouvelle émission de France 2, sobrement nommée « Dialogues Citoyens ». À un an de la fin de son mandat présidentiel, François Hollande comptait bien se servir de ce moment privilégié pour reconquérir les français.
Pour l’occasion, les Jeunes Républicains avaient décidé d’organiser une session de bashing appelée « e-riposte », durant laquelle les jeunes militants de droite devaient s’adonner à l’exercice du live tweet de l’émission, n’attendant qu’une seule chose : dézinguer François Hollande du mieux qu’ils le peuvent. Le rendez-vous a été donné au sein même des locaux de leurs ainés, au siège du parti des Républicains.
L’événement n’a pourtant pas connu un franc succès, à l’image de l’audience décevante de l’émission qui n’aurait attiré que 3,5 millions de français. Les jeunes militants n’étaient, hier soir, qu’une poignée à avoir fait le déplacement rue de Vaugirard. On était très loin de la ferveur des rassemblements militants lors des débats entre candidats aux élections présidentielles.
Geoffrey Carvalhinho, secrétaire général des Jeunes Républicains était présent pour l’occasion et d’après lui, les jeunes de droite n’ont pas fait le déplacement pour des raisons non pas idéologiques, mais météorologiques. La pluie qui s’est abattue hier soir sur Paris, peut-elle vraiment freiner la ferveur militante ? Apparemment. Cependant, on ne peut s’empêcher de penser que le calendrier des Républicains y est pour quelque chose : l’enjeu des primaires et des luttes intestines au sein du parti ont sûrement freiné les ardeurs.
Malgré tout, quelques minutes avant que l’émission commence, un silence quasi religieux règne dans la petite salle où se tient la séance de critique du président. Silence brisé par Martine, remontée à bloc : « Allez les jeunes ! Vous allez le démonter Hollande ! ». Cette dame d’un certain âge aux cheveux blonds se dit « militante depuis toujours, même depuis le RPR et à fond derrière Sarkozy ». Elle ne regardera pas le show et laissera les jeunes et son mari militer sur les réseaux sociaux pour elle.
Ce silence a été brisé par Martine, remontée à bloc : « Allez les jeunes ! Vous allez le démonter Hollande ! »
L’émission retransmise depuis le Musée de l’Homme commence et les militants sont tous rivés sur leurs smartphones. Questionné sur l’organisation et les consignes donnés aux présents, Geoffrey Carvalhinho affirme qu’aucune instruction particulière n’a été donnée, avant d’ajouter, confiant : « Chacun est libre de s’exprimer comme il l’entend ».
Les minutes passent, le président parle et les retweets commentés pleuvent sur le compte twitter des Jeunes Républicains. L’ambiance est lourde et tendue, celle d’une boum d’anniversaire qui n’arrive pas à démarrer où chacun reste sur sa chaise, un verre d’Oasis à la main, tout en regardant ses camarades en chien de faïence.
La première intervenante, une jeune entrepreneuse, fait son entrée sur le plateau et interpelle le Président sur les difficultés auxquelles elle est confrontée : gestion de son entreprise, cotisations sociales et démarches administratives seraient trop lourdes pour un entrepreneur. Encore une fois, le secrétaire général des jeunes républicains n’est pas avare et retweete avec le compte officiel les militants qui s’emparent des réponses..
C’est lorsqu’arrivent les questions un peu plus délicates du terrorisme et de l’immigration que le flux s’arrête. Plus aucun retweet sur le compte officiel. Geoffrey Carvalhinho a-t-il reçu des consignes de ses ainés concernant ces questions ? Le secrétaire général s’en défend : « Il n’y a aucune consigne particulière et je ne filtre pas ». Avant d’ajouter, en montrant de bonne foi son fil Twitter : « C’est juste que ce sont des questions qui ne marquent pas les jeunes ». Pas tous : un militant profite de cette intervention pour poser la question du retour du service militaire comme solution pour en finir avec le terrorisme. Un tweet qui n’aura que peu de portée.
L’ambiance commence à peine à se détendre et à devenir bon enfant avec les erreurs de langage du président. Les rires éclatent lorsque François Hollande évoque la précarité de la jeunesse en déclarant que « non, les jeunes ne vivent pas moins bien, ils vivent trop souvent dans la précarité ».
La soirée s’est terminée comme elle a commencé, dans le calme et sans faire de vague, avec une petite phrase lancée au dépourvu : « Ce n’est pas possible, qu’on arrête ce massacre ». Difficile de savoir si le militant parlait de la prestation du président ou de la séance d’e-riposte.
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