Comme beaucoup d’entreprises de la tech Amazon a bouleversé le paysage urbain, fait exploser les prix des logements et a gentrifié à trop grande vitesse sa ville. L’entreprise a donc décidé de céder à une association un de ses bâtiments afin qu’ils deviennent un refuge.

Alors que Seattle connaît une importante crise du logement, avec une forte hausse du nombre de personnes se retrouvant sans domicile fixe, les entreprises high-tech sont de plus en plus régulièrement dans le viseur de la population, qui les accuse d’avoir contribué à l’explosion des prix dans l’immobilier.

Ville de 635 000 habitants, Seattle doit composer avec plus de 4500 sans domicile fixe à cause de la crise du logement, qui affecte en particulier le niveau des loyers et pousse par conséquent un certain nombre d’habitants à plier bagage… sans qu’une solution de repli puisse être trouvée à temps.

C’est dans ce contexte de tension sociale qu’Amazon a annoncé la cession provisoire de l’un de ses bâtiments à une association d’aide aux personnes sans logement, afin qu’il devienne un refuge. Capable d’accueillir 200 personnes, il sera d’abord réservé aux familles. Ces dernières pourront s’installer d’ici la fin avril.

Le geste d’Amazon a été salué par l’édile de Seattle, Ed Murray. « Le fait qu’Amazon ait choisi d’être un partenaire face à la plus violente crise que la ville ait traversé signifie beaucoup et exprime sa volonté de nous aider à construire une communauté et prouve définitivement qu’il est un partenaire économique très soucieux ».

Un blason à redorer

Ce prêt de bâtiment est aussi l’occasion pour Amazon de redorer son blason auprès de la population locale, puisque la société leader dans le commerce électronique est pointée du doigt pour avoir contribué à provoquer la hausse du prix des logements dans la ville. Sujet que n’a pas osé évoquer Ed Murray dans son discours de remerciement, alors que le rôle du secteur high-tech dans la crise mérite être débattu.

Gentrification rapide, création d’emplois particulièrement qualifiés et explosion du poids économique des géants de la high tech dans les villes sont des sujets souvent soulevés aux États-Unis, en particulier les critiques fusent sur le poids et l’influence des multinationales.

L’arrivée d’une entreprise comme Amazon dans une ville peut bouleverser la vie de la cité à un tel point que les infrastructures des villes ne peuvent suivre son expansion économique. Pour les autorités de la ville, le développement de telles entreprises peut sembler être une opportunité formidable, jusqu’à une certaine limite.

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Amazon et ses effets sur le voisinage.

Face à une demande croissante et à la montée du pouvoir d’achat, l’offre en logement de la ville de Seattle s’est métamorphosé et les prix ont décollé, participant à cette situation de tension sociale. Car pour beaucoup, l’équation se réduit à la dépossession de la ville par une élite de la tech, qui a un effet exclusif sur une partie de la population ayant des moyens financiers plus modestes.

Les autorités peuvent alors se retrouver dépassées par ce succès d’un ou deux champions du numérique, au risque de provoquer une crise urbaine, tant le poids économique de ces acteurs déséquilibre profondément l’économie locale. Cette colère au sein de la population donne lieu parfois à des actions remarquées, comme le blocage des bus Google à San Francisco, voire à des dérapages.

Amazon n’est bien sûr pas la seule société fautive, mais dans des villes de culture ouvrière ou de classe moyenne, l’arrivée d’activités économiques ultra-lucratives n’est pas toujours une opportunité économique pour tous. Dans ces villes où le niveau d’instruction ne permet pas à chacun de trouver sa place dans ces nouvelles économies, les laissés-pour-compte sont nombreux.

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