Blackberry n’essaye pas de démentir l’information selon laquelle la police du Canada dispose d’une clé pour déchiffrer toutes les communications entre particuliers sur Blackberry Messenger (BBM). Au contraire, l’entreprise assume.

La semaine dernière, des documents judiciaires issus du procès de membres de la mafia italienne au Canada confirmaient que la police avait accès à une clé maître de Blackberry, pour déchiffrer toutes les communications échangées entre particuliers au sein du service Blackberry Messenger. Absolument toutes les communications de tous les Blackberry du monde, à l’exception des utilisateurs professionnels de serveurs BlackBerry Enterprise Server (BES), restent toujours potentiellement déchiffrables par le Canada.

L’affaire aurait pu être embarrassante pour le constructeur de smartphones, déjà très affaibli dans ses parts de marché. Savoir qu’il existe quelque part une clé unique utilisée par tous ses téléphones, et qu’en plus cette clé peut être découverte, n’est pas vraiment la meilleure des publicités.

Ne pas céder aux pressions

Mais la firme a décidé d’assumer. Dans un billet de blog, son PDG John Chen ne fait rien pour minimiser l’importance de la coopération avec la police canadienne, qui avait annoncé en 2014 que « plus d’un million de messages privés ont été interceptés et analysés ». Chen tient une position conforme à la celle qu’il avait exprimée en pleine polémique entre le FBI et Apple, lorsqu’il avait pris partie pour la police fédérale américaine.

« Nous avons été clair depuis longtemps sur le fait que les entreprises technologiques devaient, en bons citoyens, se conformer aux demandes judiciaires raisonnables d’accès [à des données]. J’ai déjà dit que nous étions effectivement dans un endroit sombre, lorsque des entreprises mettent leur réputation au dessus du plus grand bien », écrit-il.

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John Chen rappelle que dans le cas d’espèce, sa coopération avec la police a permis de démanteler une organisation criminelle, et il assure que tout s’est fait conformément à ses principes éthiques. Le PDG de Blackberry rappelle que son entreprise tente de trouver le « bon équilibre » entre la sécurité et la liberté de tous, et qu’elle refuse de céder aux « pressions » qui voudraient que sa position change, dans un sens ou dans un autre. « Il y a un équilibre entre faire ce qui est juste, par exemple aider à appréhender des criminels, et empêcher des gouvernements d’abuser dans l’invasion de la vie privée de citoyens », résume le chef d’entreprise.

Au passage, John Chen rappelle que « à aucun moment les serveurs BES de Blackberry n’ont été impliqués », et que « notre BES continue d’être impénétrable, également sans possibilité d’accès par backdoor ». Une manière de reconnaître a contrario que les particuliers, eux, n’ont pas la même garantie. S’ils veulent pouvoir communiquer sans risque d’interception, ils doivent préférer d’autres téléphones et applications.

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