« Ce n’est ni une plaisanterie ni une exagération de dire qu’à l’exception des assassinats politiques, il s’agit probablement du plus grand scandale politique de l’histoire de l’humanité. » Cette phrase grandiloquente a été publiée par Candace Owens, une journaliste américaine proche de Donald Trump, sur X (ex-Twitter), le 11 mars 2024. Elle ne veut pas parler du Water Gate, de la mort de l’opposant russe Alexei Navalny, ni même des scandales politiques ayant touché de près ou de loin Emmanuel Macron — mais bien de Brigitte Macron. Candace Owens est en persuadée : la première dame serait en fait « un homme », et elle a dédié une longue vidéo à la question.
Dans la vidéo, visionnée plus de 1,5 million de fois sur X, elle reprend des articles parus il y a quelques années dans Faits & Documents, une publication connue pour son antisémitisme, ainsi que le travail d’autres internautes anonymes. Il s’agit d’une théorie du complot qui avait déjà connu une certaine popularité sur les réseaux sociaux francophone en 2021, et que Numerama avait décortiquée. Aujourd’hui, ce sont ces mêmes arguments qui sont repris par l’alt right américaine — et derrière, se cache toujours la même rhétorique transphobe.
Une théorie du complot fondée sur une rhétorique transphobe
Dans les grandes lignes, Faits & Documents et Candace Owens racontent que Brigitte Macron serait une femme trans, née sous le nom de « Jean-Michel Trogneux », et que tout aurait été fait pour camoufler la transition de la première dame. Elle aurait ainsi fait croire qu’elle avait un frère, son ex-mari n’existerait pas et elle aurait, à la place, eu ses enfants avec une autre personne, avant de rencontrer Emmanuel Macron.
Leur argumentaire se base essentiellement sur un fait : il n’y aurait que très peu de photos publiques de Brigitte Macron jeune — et dans une de ses photos, son frère, Jean-Michel Trogneux, a des traits très similaires à ceux de la Première dame. D’autres arguments pour appuyer la théorie du complot : il n’existerait pas de traces de l’ex-mari, Jean-Michel Auzière, et si Brigitte Macron avait voulu disperser le doute sur son identité, elle aurait déjà partagé des photos d’elle plus jeune.
Pourquoi Candace Owens partage-t-elle cette histoire maintenant, alors que les articles de Faits & Documents ont été publiés en 2021 et que l’histoire a été largement débunkée par les journaux français ? Le sujet, qui est très commenté sur les réseaux sociaux, resurgit en effet à quelques mois des élections européennes et de la présidentielle américaine. Selon la présentatrice américaine, c’est parce que « les médias d’état couvrent l’histoire ». « Ce qu’il se passe, c’est que deux individus ont été sélectionnés pour être les leaders d’une nation. Elles ont été sélectionnées sur le principe du chantage. »
La suite de l’argumentaire de Candace Owens est un classique des théories du complot : le président et sa femme seraient en fait manipulés par d’autres entités. « Ils ont sélectionné ces deux individus, parce qu’ils peuvent les contrôler, parce qu’ils ont créé l’épouse, parce qu’ils connaissent l’histoire. Ils peuvent donc dire, voilà ce que vous allez faire, Emmanuel Macron et Brigitte, vous allez faire voter ces lois, et il n’y a rien que vous ne puissiez faire contre ça, parce que nous vous contrôlons ». Jamais Candace Owens ne précise qui seraient ces « ils ».
Outre la preuve de la porosité entre certaines franges de l’extrême droite et le complotisme, ce qu’il ressort de cette théorie, c’est sa rhétorique transphobe : ce qui aurait inspiré Natacha Rey, qui a écrit les articles de Faits & Document, à se pencher sur la question, aurait été « l’étrangeté » physique de Brigitte Macron, a-t-elle expliqué dans une vidéo. Ensuite, l’un des argumentaires transphobes les plus récurrents consiste à présenter les personnes trans comme des prédateurs, voire des pédophiles — ce qui est exactement comment la première dame est décrite par Natacha Rey.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’une première dame est accusée d’être trans : depuis 2014, Michelle Obama est visée par des rumeurs similaires, et l’ancienne Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern a également été concernée par ce genre de théories du complot.
Le 8 mars 2024, Emmanuel Macron a, pour la première fois depuis 3 ans, abordé cette fake news : « On a quand même des fadas », a-t-il déclaré, dénonçant des « fausses informations » et des « scénarios montés ».
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