La surveillance électronique mise en place par les services secrets britanniques au nom de la protection du Royaume-Uni et de ses intérêts face aux menaces intérieures et extérieures a aussi servi à des fins privées. C’est ce que révèlent des documents confidentiels dont la publication vient d’être autorisée par la justice à la suite d’un recours formé par Privacy International, une ONG se consacrant à la défense de la vie privée et des droits de l’homme.
En particulier, des mémos provenant des trois principaux services du pays — MI5 pour le renseignement intérieur, MI6 pour le renseignement extérieur et GCHQ pour tout ce qui à trait au renseignement d’origine électromagnétique — montrent que les espions ont accès à d’immenses bases de données dans lesquelles ils peuvent chercher à peu près tout et n’importe quoi sur les personnes dont les informations se trouvent à l’intérieur, y compris des Britanniques.
Ces bases de données ratissent très large, allant des données de communication aux historiques de voyage, en passant par les informations financières. Après avoir passé en revue ces fichiers, The Verge note que ces grands silos à données personnelles contiennent aussi, de l’aveu même des agences de renseignement, des indications sur des citoyens qui sont « peu susceptibles de constituer un intérêt pour le renseignement ou la sécurité ».
Mais ce n’est pas tout. La publication des documents révèlent que les espions exploitent aussi ces silos à données personnelles à des fins privées, visiblement sans considérer qu’il peut s’agir d’une invasion excessive de la vie privée. Sont mentionnées par exemples des recherches pour vérifier une adresse postale avant d’envoyer une carte d’anniversaire ou contrôler les détails d’un passeport en prévision d’un voyage à l’étranger. Quand la lutte contre le terrorisme permet aussi de régler ses petites affaires.
Dans un mémo, il est pourtant signifié que l’utilisation de ces bases de données pour convenance personnelle est proscrite. « Merci de vous rappeler que chaque requête a le potentiel d’envahir la vie privée des individus, y compris celle des personnes qui ne sont pas le sujet principal de votre recherche, donc merci de vous assurer que vous avez toujours un besoin professionnel pour mener cette recherche et que celle-ci est proportionnelle au niveau d’intrusion ».
En théorie, l’accès aux données d’un particulier depuis l’un de ces silos requiert un accord écrit d’un ministre et toutes les actions effectuées dans ces bases de données sont enregistrées. La publication de ces documents révèle toutefois l’existence de failles dans le processus de contrôle et une dérive évidente dans l’utilisation de ces informations. Ce n’est que l’an dernier, en mars 2015, que l’existence de ces bases de données a été admise par le gouvernement, alors qu’elles remontent au moins à la fin des années 90.
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