De façon générale, la lutte contre le piratage oppose deux grandes écoles. D’un côté, nous retrouvons les partisans de la ligne dure. Ces derniers soutiennent le principe d’une riposte graduée assortie d’un éventail de sanctions dont la finalité est la suspension de l’abonnement Internet. De l’autre, nous avons les promoteurs de l’offre légale. Ceux-là encouragent avant-tout le développement de plates-formes légales attractives et riches en contenus.
Si ces deux approches ambitionnent de faire revenir l’internaute dans le circuit légal de consommation de contenus culturels, elles n’ont évidemment pas le même écho chez le législateur ou les ayants droit. Preuve en est, le cadre juridique français en matière d’Internet a considérablement évolué ces dernières années. Et force est de constater qu’à l’heure actuelle, les partisans de la ligne dure sont les plus écoutés au gouvernement.
Dans les faits pourtant, l’efficacité de la première méthode n’est pas assurée. En mars dernier, une étude menée par le laboratoire M@rsoin et l’université de Rennes laissait entendre que la loi Hadopi aurait contribué à l’augmentation du piratage. Un comble pour une loi qui se veut justement le pourfendeur du téléchargement illégal.
À l’inverse, une enquête menée en Norvège par Norstat pour le compte d’Aspiro Music indique que 54 % des sondés ont affirmé que le streaming musical les a détourné du téléchargement illicite. Comme le fait remarquer Zero Paid, cette étude est relativement similaire à deux autres enquêtes menées au Royaume-Uni l’année dernière. Au total, le partage illicite de contenus protégés par le droit d’auteur avait connu un recul d’environ 5 à 6 %.
La nouvelle devrait donc ravir les ayants droit. La vigueur du piratage serait conditionnée à la bonne santé de l’offre légale. Sauf que ces derniers n’offrent pas le meilleur soutien à l’offre légale en ligne. La récente disparition de Jiwa en est d’ailleurs la triste démonstration.
Comme nous l’expliquions auparavant, c’est le mécanisme même des minimums garantis exigés par les maisons de disques qui handicapent le développement de l’offre légale en France. Et encore, s’il n’y avait que ça. On se souvient par exemple que le rapport Olivennes n’accordait que deux pages sut vingt-cinq sur l’incitation du développement de l’offre légale. Cela étant, la fin de Jiwa servira probablement d’électrochoc pour pousser les majors à assouplir leurs conditions d’accès aux catalogues. Quitte à les y contraindre par la loi.
Et pendant ce temps, le catalogue des Beatles n’est toujours pas disponible sur les plates-formes légales de téléchargement. Comment se plaindre ensuite, après cinq ans de négociation, de la présence massive des Fab Four sur les réseaux peer-to-peer ? La concurrence déloyale du piratage, selon les propres termes de Christophe Lameignère, le président du SNEP, n’est définitivement pas du seul fait des internautes.
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