Mercredi, Google a ouvert aux utilisateurs américains et canadiens de Gmail la possibilité d’effectuer des appels téléphoniques directement depuis l’interface de messagerie, grâce à son service de voix sur IP Google Voice. Le géant de la recherche s’attaque ainsi directement au marché de la VoIP dominé par Skype, et poursuit sa logique d’intégration de ses différents services de communication. Que ça soit les e-mails, la messagerie instantanée ou la téléphonie, tout pour Google doit pouvoir se faire de manière unifiée, avec le même carnet d’adresses, au sein de la même interface. Ce qui en soit, est assez logique.
Les utilisateurs nord-américains de Gmail peuvent ainsi composer un numéro de téléphone vers les Etats-Unis ou le Canada, et appeler gratuitement jusqu’à la fin de l’année. Les autres destinations sont également possibles, moyennant une tarification de deux centimes vers l’Europe par exemple.
Sans nul doute, le service va séduire les utilisateurs, et stimuler la concurrence sur un marché très important. Skype compte à lui seul 600 millions d’abonnés, qui ont consommé 6,4 milliards de minutes de téléphonie au premier semestre 2010. Mais outre un gain de parts de marché sur un secteur nouveau pour lui, Google veut surtout en apprendre toujours davantage sur ses utilisateurs. Il veut savoir qui appelle qui, pour enrichir sa connaissance des réseaux sociaux. Le lancement de Buzz avait démontré de la plus maladroite des manières à quel point la connaissance de la fréquence de communication entre les internautes avait de l’importance pour Google.
De façon plus sensible et plus lointaine, Google s’offre aussi la possibilité de connaître et d’exploiter le contenu-même des conversations. Technologiquement, Google a déjà la capacité d’analyser en temps réel les voix pour les retranscrire en texte dans ses bases de données. Il le fait sur les vidéos de YouTube, ou pour les messages vocaux reçus sur Google Voice. Il rend ainsi les conversations « indexables », ce qui permet à l’utilisateur de les retrouver dans ses archives, et ce qui pourrait permettre à Google de les traiter un jour pour établir des profils toujours plus ciblés de ses utilisateurs, à des fins publicitaires.
« Nous savons en gros qui vous êtes, en gros ce qui vous intéresse, en gros qui sont vos amis (…) La technologie va être tellement bonne qu’il sera très difficile pour les gens de voir ou de consommer quelque chose qui n’a pas été quelque part ajusté pour eux« , reconnaissait ce mois-ci Eric Schmidt, le patron de Google, en détaillant sa vision de l’avenir.
Actuellement, la politique de protection de la vie privée de Google Voice indique que la firme conserve toutes les données possibles sur les appels (heure, durée, destinataire, …), et les conversations enregistrées volontairement par l’utilisateur. A propos des transcriptions des messages vocaux, la firme précise bien qu’elle analyse notamment les retranscriptions pour « délivrer des liens en rapport« , et parle aussi « d’autres buts liés au fait de vous proposer Google Voice« , ce qui reste très flou. Mais il n’est pas encore prévu que les conversations soient retranscrites et analysées.
Pas encore, mais demain ?
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Vous voulez tout savoir sur la mobilité de demain, des voitures électriques aux VAE ? Abonnez-vous dès maintenant à notre newsletter Watt Else !