C’est une opération spectaculaire menée par les polices de quatorze pays européens. Hier et aujourd’hui, une cinquantaine de serveurs ont été saisis et dix personnes interpellées dans le cadre d’une enquête ouverte en Belgique il y a deux ans. Selon la police belge, ces individus arrosaient l’Internet mondial avec des contenus piratés. Ils seraient responsables d’un manque à gagner, pour l’industrie culturelle, de 6 milliards d’euros.

C’est un gros coup de filet réalisé hier et aujourd’hui par les forces de police européennes. Démarrée ce mardi, l’opération « Top Site » avait pour objectif de porter un coup critique à la scène warez située en Europe. Au total, des perquisitions et des arrestations se sont déroulées dans quatorze pays européens, qui ont tous contribué à l’enquête ouverte par la justice belge il y a maintenant deux ans.

Dans un communiqué de presse publié aujourd’hui, la police belge a déclaré que « l’enquête a permis d’identifier les 4 groupes les plus importants responsables de la mise à disposition sur Internet de 80 % de la production en langue néerlandaise ou de production en langue étrangère sous-titrée en néerlandais« . Les agences européennes EUROPOL et EUROJUST ont été mises à contribution dans cette affaire.

Parmi les pays impliqués, nous retrouvons notamment l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, la Croatie, la France, la Hongrie, l’Italie, la Norvège, les Pays-Bas, la Pologne, la République Tchèque, le Royaume-Uni et la Suède. Une opération qui a nettement dépassée les frontières de l’Union européenne, avec la présence de pays comme la Croatie et la Norvège.

C’est cette même opération qui a conduit à la perquisition dans les locaux de PRQ, un hébergeur suédois. Comme nous l’écrivions hier, le prestataire technique s’est illustré par le passé en hébergeant le portail de liens torrent The Pirate Bay et le site militant spécialisé dans la fuite d’informations WikiLeaks. PRQ avait également défrayé la chronique en hébergeant un forum de discussion sur la pédophilie.

Dans le détail, près de cinquantaine serveurs ont été saisis. Toujours selon le communiqué diffusé par la police belge, « 10 personnes ont été interpellées en Belgique, en Norvège, en Pologne et en Suède. Il s’agit des leaders des 4 groupes sur laquelle l’enquête se concentrait« .

Cinq d’entre elles sont Belges, et ont été placées sous mandat d’arrêt pour participation à « une organisation criminelle, piraterie, fraude informatique et hacking« . Au total, « l’activité de ces 4 groupes en terme de piratage de films représenterait une perte estimée à 30 millions d’euros en Belgique et jusqu’à 6 milliards d’euros au niveau mondial« .

Une perte qui n’en est pas vraiment une. Il s’agirait plutôt d’un manque à gagner pour les industries culturelles, à supposer qu’un téléchargement illégal représente une vente perdue. C’est un mode de calcul erroné, mais qui a malheureusement servi de base de travail pour l’étude de Tera Consultants Une étude qui a ensuite permis à Michel Barnier, commissaire européen, d’affirmer que le piratage cause d’importants dégâts pour les industries et détruit des centaines de milliers d’emplois.

Cette opération n’est pas sans rappeler celle menée aux États-Unis cet été. À l’époque, les autorités américaines avaient obtenu le démantèlement de neuf sites accusés de favoriser la diffusion de contenus piratés. Cette opération fut menée par l’U.S. Immigration and Customs Enforcement (ICE), un organe du Département de la Sécurité intérieure des États-Unis. Elle s’est inscrite dans la politique de défense vigoureuse d’Obama en matière de propriété intellectuelle.

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