Cela n’a évidemment pas échappé aux autorités : les Français utilisent massivement Facebook pour communiquer entre eux. C’est donc sans aucune surprise que le réseau social fondé par Mark Zuckerberg concentre sur lui un nombre très important de requêtes provenant des instances judiciaires et administratives françaises. La sortie du nouveau rapport de transparence du site communautaire américain en est la preuve la plus éclatante.
La France sollicite toujours plus
Couvrant le second semestre de 2015, le dernier bilan de Facebook publié jeudi 28 avril révèle une hausse des sollicitations venant de l’Hexagone par rapport à la période précédente. Tous les indicateurs sont en progression : les requêtes envoyées par les autorités sont passées de 2 520 à 2 711, tandis que le nombre de comptes concernés par ces notifications a atteint 2 894 contre 2 847 six mois auparavant.
Les réquisitions françaises peuvent concerner tout ce que possède Facebook. Cela peut aller de l’identité de l’internaute à son journal de connexion, en passant par son adresse IP, les métadonnées collectées au moment de la création du compte, sa géolocalisation, son adresse e-mail, sa liste de contacts, ses messages privés…
Ce n’est pas tout. Pour la première fois dans l’histoire des rapports de transparence produits par Facebook, le pourcentage des demandes françaises qui aboutissent à la production partielle ou totale d’informations de la part du réseau social a dépassé le cap des 50 %. Et avec de la marge, puisque les renseignements exigés par la France ont été suivis dans 54,22 % des cas.
« Chacune des requêtes que nous recevons fait l’objet d’une vérification de sa validité juridique et nous rejetons ou demandons plus de précisions sur celles qui sont trop larges ou trop vagues », commente le réseau social.
Faut-il y voir un effort nouveau en vue de produire des notifications qui respectent très précisément les procédures imposées par Facebook ou une conséquence spécifique des attentats de novembre 2015, qui ont coûté la vie à 130 personnes ? Peut-être un peu des deux. En tout cas, jamais Facebook n’avait répondu à une proportion aussi importante de demandes de la France qu’au second semestre 2015.
Une photo censurée massivement
À ce propos, les attentats survenus le 13 novembre dernier ont eu une conséquence directe sur le nombre de demandes de suppression de contenus, puisque celui-ci est passé de 295 au premier semestre 2015 — c’était déjà un record pour l’Hexagone, vraisemblablement dû aux attentats commis contre la rédaction de Charlie Hebdo et au supermarché de la porte de Vincennes en janvier 2015 — à… 37 695.
Les autorités françaises se sont montrées extrêmement vigilantes contre les contenus considérés comme de l’apologie du terrorisme ou dégradants pour la dignité humaine. Dès lors, rien de bien étonnant à constater un nouveau pic dans les demandes de retrait de contenus au cours du second semestre 2015, avec les nouvelles attaques commises dans la région parisienne.
« Nous avons restreint l’accès en France pour les contenus enfreignant les lois interdisant le négationnisme et l’apologie du terrorisme, ainsi que 32 100 cas d’une seule image en rapport avec les attentats terroristes de novembre 2015 à Paris qui ont relevés par l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC) comme en violation des lois françaises relatives à la protection de la dignité humaine », écrit Facebook.
Le site communautaire ne précise pas la nature de cette image. Il s’agit très certainement de celle montrant l’intérieur du Bataclan peu après les attentats, le sol jonché de cadavres et maculé de sang. Le Figaro indique que cette demande de censure a aussi visé Twitter et concerné une vidéo de propagande de l’État islamique. Cette censure ne s’applique qu’aux usagers français. À l’étranger ou en masquant sa provenance géographique, il est relativement aisé de tomber dessus.
Le nombre très important de suppressions montre que la photo a beaucoup circulé sur le réseau social, plus sans doute qu’on ne l’imaginait. Sa censure se comprend sur le plan de la dignité des victimes et du respect des familles, qui doit primer, mais la photo a aussi beaucoup circulé parce que les internautes ont ressenti le besoin de voir et de montrer l’horreur réelle des attentats, qui n’était plus une information abstraite, mais bien une réalité visible.
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