Préoccupé par l’augmentation très sensible de la consommation excessive d’alcool reconnue par les jeunes dans les sondages successifs organisés par l’Inpes depuis 10 ans, le gouvernement s’apprête à passer à l’action contre les présentations festives de la biture, notamment dans les jeux vidéo et les accessoires pour téléphones mobiles.
Comme le remarque le journaliste Vincent Granier, la France a en effet notifié à la Commission européenne un projet de décret prévu en application de l’article 12 de la loi Santé du 26 janvier 2016, qui interdit « l’offre, à titre gratuit ou onéreux, à un mineur de tout objet incitant directement à la consommation excessive d’alcool ».
Le projet de décret précise sans être exhaustif que « les objets visés (…) sont notamment les jeux, vêtements, accessoires de mode, éléments décoratifs, ustensiles ou accessoires pour appareils électroniques dont le graphisme, la présentation, le visuel, le nom, le logo, la dénomination ou le slogan incitent directement à la consommation excessive d’alcool ».
Les accessoires en cause peuvent être par exemple les décapsuleurs intégrés aux ouvre-bouteilles. Même s’ils n’encouragent pas en eux-mêmes à une consommation excessive, on les imagine mal qui a besoin d’avoir en permanence sur soi un décapsuleur. Fini, donc, les ventes ou les dons de coques-décapsuleurs illustrées avec des bouteilles de bière Heineken, Budweiser ou Corona :
Fini, aussi, les clés USB en forme de bouteilles de bière :
En visant les « jeux », sans autres précisions, le projet de décret vise aussi directement les applications ludiques et jeux vidéo mettant en scène, de façon positive, la consommation d’alcool. Si une application comme Bar Roulette devrait rester légale, il y aura débat pour des applis de simulateurs de bière, ou des jeux comme Picolo, qui proposent des jeux à boire
Actuellement, ces jeux sont déconseillés au moins de 16 ans, selon la classification PEGI organisée par les professionnels du jeu vidéo, mais le décret les interdirait dès lors qu’ils sont proposés à des mineurs. La question du contrôle de l’âge, comme toujours sur Internet, n’est pas pas réglée.
Interrogé le mois dernier par Next inpact, le Syndicat des éditeurs de logiciels de loisir (SELL) avait jugé le projet de décret relativement inconséquent. « D’après les chiffres que nous venons d’obtenir de PEGI outre-Manche, cela va concerner seulement 5 jeux sur les 1 855 commercialisés l’an passé. Il va néanmoins falloir regarder cela avec attention », avait jugé l’organisme.
« Les autorités françaises envisagent à travers ce projet de décret d’interdire l’offre ou la vente aux mineurs d’objets incitant directement à la consommation excessive d’alcool. Cette pratique commerciale visant à donner une image positive et festive de l’ivresse serait ainsi interdite lorsqu’elle vise les mineurs, particulièrement perméables à un message laudatif sur la consommation excessive d’alcool. Les méfaits d’une consommation excessive d’alcool d’un point de vue sanitaire et social sont nombreux et présentent des risques immédiats (comas éthyliques, comportements dangereux pour soi ou pour les autres) et à long terme (cancer, cirrhose, dépendance, etc) », justifie la France auprès de la Commission européenne.
« Cette mesure vise ainsi à mieux protéger les plus jeunes en limitant l’exposition à l’image positive, drôle ou ludique de l’ivresse auquel un objet peut directement contribuer ».
Comme le faisait remarquer Next Inpact, on peut toutefois trouver étrange que le gouvernement isole les jeux, sans s’intéresser au même niveau au cinéma ou aux séries TV, accessibles à des mineurs. Le nombre de films ou de séries TV américaines qui montrent des personnages se servir et se resservir en verres de vin ou de whisky sont légion, et ils bénéficient d’un relatif laisser-faire alors que les jeunes s’identifient souvent à ces héros.
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