Les géants de la tech doivent-ils participer à la convention nationale républicaine, qui aura lieu en juillet à Cleveland, dans l’Ohio ? C’est la question qui doivent se poser de nombreux états-majors au sein de la Silicon Valley et ailleurs, alors que la candidature de Donald Trump est bien partie pour recueillir sans difficulté l’assentiment du parti, maintenant que ses derniers adversaires ont jeté l’éponge.
Les entreprises qui ont l’habitude de contribuer financièrement aux conventions ou de fournir une assistance technique hésitent en effet à associer leur image à un évènement qui devrait, sauf coup de théâtre, consacrer un candidat qui a largement défrayé la chronique au cours de ces derniers mois avec ses positions ouvertement racistes et sexistes, et qui a souvent justifié l’usage de la torture au nom de la lutte antiterroriste.
Coca-Cola, par exemple, a choisi de réduire significativement sa contribution à la convention des Républicains. Le spécialiste des boissons gazeuses a réduit le montant de ses dons en 2016 à 75 000 dollars, contre 660 000 il y a quatre ans. C’est presque neuf fois moins. De son côté, le géant de la grande distribution indiquait en mars au New York Times ne pas avoir encore décidé s’il allait participer cette année ou non.
Le succès de Donald Trump gène les entreprises qui sponsorisent les conventions
D’autres sociétés hésitent (ou ont hésité) à participer à la convention justement à cause de l’image que renvoie Donald Trump aux USA mais aussi à l’international. C’est le cas de Google et Apple, d’autant plus que les deux groupes ont adopté publiquement des positions en faveur de plus de diversité, notamment dans leurs rangs. Des dérapages du milliardaire pendant la grand-messe républicaine ne sont pas à exclure.
C’est d’autant plus vrai que toutes ces entreprises sont mises sous pression par un certain nombre d’associations défendant les droits de ceux qui sont brocardés par Donald Trump, comme les minorités ethniques, les femmes ou les musulmans. Des collectifs américains comme Color of Change ou Credo Mobile font du lobbying à grand renfort de pétitions afin de pousser les entreprises à ne sponsoriser en aucune façon la convention, en prévenant que leur image pourrait être ternie.
À l’heure actuelle, Google prévoit de participer à la convention républicaine au moins sur le plan technique, afin de fournir aux Américains un moyen d’assister à cet évènement en direct via YouTube. En 2012, comme le rappelle le New York Times, Google avait mis à disposition un espace presse pour les journalistes. En revanche, la firme de Mountain View n’a pas indiqué à Politico, interrogé en avril à ce sujet, si elle prévoit de verser des fonds cette année au parti républicain pour sa convention.
Pour sa part, Microsoft a adopté la position suivante : il sera aussi un partenaire technique de la convention qui sacrera Donald Trump, sans participer financièrement à l’évènement. Déjà en 2012, la firme de Redmond s’était abstenue de contribuer sur le plan financier aux conventions. Par équité et afin de ne pas prêter le flanc au critiques, Google et Microsoft appliquent une stricte égalité avec le camp démocrate.
Google, Facebook ou Microsoft sous pression des associations militantes
Quant à Facebook, Erin Egan, la vice-présidente chargée de la politique publique de l’entreprise a transmis un communiqué à Re/Code dans lequel elle justifie la présence du réseau social à la convention républicaine en expliquant que « ce soutien permet à Facebook de faciliter un dialogue ouvert entre les électeurs, les candidats et les élus durant les conventions, tout comme durant d’autres moments-clés des élections, aux États-Unis et ailleurs dans le monde ».
En décembre, Mark Zuckerberg était monté au créneau pour défendre les musulmans à la suite d’une nouvelle saillie de Donad Trump sur l’immigration. « Si vous êtes un musulman au sein de cette communauté, en tant que dirigeant de Facebook je veux que vous sachiez que vous serez toujours les bienvenus ici et que nous nous battrons pour protéger vos droits et créer un environnement paisible et sûr pour vous », avait-il déclaré, quelques semaines après les attaques terroristes à Paris.
Une neutralité technique, pas un soutien
La présence de ces entreprises, même pour des considérations techniques, est loin de satisfaire les associations antiracistes et féministes, qui veulent carrément voir les géants de la tech se retirer complètement de la convention républicaine. Il s’agit, selon elles, d’envoyer un puissant message en choisissant de ne pas soutenir la rhétorique haineuse qui est devenue monnaie courante dans le processus électoral.
Les entreprises high-tech sont dans une position très inconfortable. Doivent-elles cesser de proposer une aide financière aux différents partis et leur mettre à disposition des outils pour communiquer en direct sur Internet lors des grandes conventions ?
Il ne s’agit pas de prendre parti pour un ou l’autre candidat autant, mais d’apporter un support équitable entre les deux grandes formations politiques, ce qui paraît logique : ne pas donner les mêmes outils aux Démocrates et aux Républicains, voilà une attitude qui serait condamnable, et profondément anti-démocratique. Même si cela implique de porter aussi la voix de Donald Trump qui est devenu, par la force des choses, un candidat très sérieux pour la course à la Maison-Blanche.
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