Vingt ans après l’émergence du World Wide Web dans les locaux du CERN, les menaces sur le web semblent ne jamais avoir été aussi grandes. Tel est le message qu’a voulu faire passer son inventeur, Tim Berners-Lee, lors d’une conférence organisée à la Royal Society (l’Académie des sciences britannique, ndlr), à Londres. Désormais en charge du W3C, il a affirmé que les législations anti-piratage étaient « un fléau« .
« Qu’on puisse suspendre l’accès à l’internet à une famille française parce que l’un des enfants a téléchargé illégalement un contenu, sans jugement, je crois que c’est une punition inopportune » a-t-il déploré, avant de dénoncer « la vague de législations qui entendent donner aux gouvernements et aux fournisseurs d’accès le droit et le devoir de déconnecter les gens« .
« Je veux pouvoir continuer à utiliser l’Internet. Si l’accès m’est coupé, pour une raison ou une autre, en ce qui me concerne ma vie sociale serait totalement dégradée. Pour certains, c’est un accès à l’information médicale » a-t-il argumenté, estimant que le web était devenu un élément conséquent dans notre vie quotidienne et dans notre rapport à autrui.
Si Tim Berners-Lee a cité l’exemple de la famille menacée d’une déconnexion parce qu’un utilisateur veut accéder à un fichier protégé par le droit d’auteur, le professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT) a également regretté des dispositions similaires dans son pays, le Royaume-Uni.
Par ailleurs, il a évoqué la situation aux États-Unis, où le Sénat « examinait cette semaine une proposition de loi qui autoriserait le gouvernement à créer une « liste noire » de sites internet qui pourraient être bloqués par les fournisseurs d’accès« , rapporte l’AFP. Ce texte, The Combating Online Infringement and Counterfeits Act (COICA), vise à mettre en place un filtrage à l’échelle nationale pour bannir les sites illicites.
Sur Twitter, Tim Berners-Lee a diffusé un lien appelant les internautes à se mobiliser contre la proposition de loi COICA, en signant la pétition « Stop the Internet Blacklist ». Pour l’heure, plus de 50 000 signatures ont été recueillies.
Auparavant, le patron du W3C avait réaffirmé son attachement au principe de la présomption d’innocence, qui veut qu’aucune personne ou aucune organisation ne puisse être privée de sa capacité à communiquer avec d’autres personnes ou d’autres organisations sans le respect du processus de la loi.
L’an dernier, Tim Berners-Lee avait déjà lancé un appel pour encourager l’émergence d’un web sans censure. À l’occasion des vingt ans du web, il avait mis en garde les pouvoirs publics contre la tentation très forte de vouloir mettre sous tutelle le web.
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