Cette fois-ci ça y est, c’est la bonne. Alors qu’il devait ouvrir lundi, et en dépit d’un adage bien connu des administrateurs systèmes qui veut qu’on ne lance jamais un site un vendredi, c’est ce matin que l’Hadopi a lancé son site officiel. Le contenu du site Hadopi.fr réserve guère de surprise, puisque nous avions déjà publié l’essentiel des pages qui le constitue.
Le site présente la Haute Autorité, son actualité, et la réponse graduée, avec beaucoup de gens très souriants et heureux de recevoir leurs avertissements. Il servira aussi à télécharger le formulaire à renvoyer pour faire part de ses observations et obtenir le détail des œuvres piratées.
Mais faute de labellisation, Hadopi.fr reste extrêmement flou sur les moyens de sécurisation ou les offres légales. Les informations concernant ces deux pans essentiels sont toutes formulées au futur, alors que la riposte graduée se conjugue bien au présent.
« Un moyen de sécurisation peut être efficace sans être labellisé. Toutefois, l’utilisation d’un moyen de sécurisation labellisé sera un élément positif dans le cadre de l’appréciation des faits par la Commission de protection des droits si l’internaute est concerné par le processus de réponse graduée« , précise le site Internet. « Parmi les moyens de sécurisation, certains sont proposés par la communauté du logiciel libre et sont gratuits. Votre Fournisseur d’accès à internet peut également proposer ce type de solution. En revanche, aujourd’hui, l’Hadopi ne peut pas encore vous conseiller tel ou tel logiciel« , ajoute-t-il par ailleurs.
Visiblement, l’Hadopi a souhaité faire preuve d’objectivité, et de ne pas donner le bâton pour se faire battre. Ainsi à la question « Quels sont les modes d’échanges numériques ? Sont-il tous légaux ?« , la FAQ répond qu’il existe notamment le P2P, le streaming et le téléchargement direct, mais qu’ « aucun mode de diffusion n’est en soi légal ou illégal : la technologie est neutre« . Il s’étend même sur le P2P :
Le P2P, par exemple, permet à des chercheurs de partager leurs travaux, à des artistes de se faire connaître, à des éditeurs de logiciels de mettre à disposition de leurs clients des mises à jour ; il permet également de partager des capacités de calcul. Ces usages sont souvent légaux.
En revanche, c’est l’utilisation que certaines personnes font de ces technologies qui peut être illégale : tout dépend si une autorisation par les titulaires de droits concernés est prévue par la loi (ex : l’artiste qui a placé sa création sous une licence libre autorise le partage).
Ces précisions sont bienvenues, et rassurent sur le risque que les spécifications fonctionnelles exigées pour les moyens de sécurisation obligent à bloquer le P2P dans son ensemble. Mais il fait craindre à terme une surveillance plus atomique, au niveau des fichiers eux-mêmes, notamment par une inspection systématique des paquets qui transitent (DPI).
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