L’émergence des services de micro-blogging, dont Twitter est sans aucun doute le représentant le plus connu, a donné naissance à une pléthore de services permettant d’échapper à la limite imposée de 140 caractères par message. Ainsi, un site comme TwitLonger permet aux internautes d’écrire des messages beaucoup plus longs. Les services d’URL raccourcies quant à eux sont très appréciés pour réduire la longueur de certaines adresses Internet.
°videmment, ces nouveaux outils ont engendré de nouvelles problématiques et de nouveaux défis. Par exemple, la fermeture d’un site spécialisé dans les URL raccourcies pose la question de la pérennité des liens générés par ce service. L’accès aux « vrais liens » est alors compromis, ce qui peut avoir diverses conséquences plus ou moins lourdes. Une URL peut également favoriser la propagation de menaces informatique, dans la mesure où l’identité réelle du lien n’est pas connue immédiatement.
Mais ces deux cas de figure sont loin d’être les seules menaces planant au-dessus des services d’URL raccourcies. D’autres considérations, beaucoup plus inattendues, peuvent entrer en ligne de compte. Et avoir un impact terrible sur l’avenir d’un site web. C’est ce qu’a pointé du doigt Mike Masnick, dans un billet consacré au site Bit.ly et – plus généralement – à tous les sites utilisant une extension de nom de domaine en .ly.
En effet, l’extension de nom de domaine .ly est le domaine national de premier niveau réservé à la Libye. Dans son règlement, le bureau d’enregistrement en charge de l’attribution des noms de domaine du territoire libyen interdit aux sites utilisant une extension en .ly d’aller à l’encontre des préceptes de la Charia, la doctrine islamique. C’est la disposition 4.2 du règlement.
« Les noms de domaine ne doivent pas contenir des mots, phrases ou abréviations obscènes, scandaleux, indécents ou contraires à la loi libyenne ou à la morale islamique« . Cela pose évidemment un problème pour un service comme Bit.ly. Très populaire chez les utilisateurs de Twitter, il est très vraisemblable qu’un internaute a déjà utilisé ce service pour réduire une URL qui va à l’encontre de la doctrine islamique. Cela peut être un lien menant vers du contenu pornographique ou vers des jeux d’argent.
Toujours selon Techdirt, il semble que les autorités libyennes ont commencé à réagir face à l’utilisation de plus en plus fréquente de leur extension de nom de domaine. Et manifestement, il n’y a pas de coup de semonce, puisque certains sites web utilisant l’extension .ly ont été désinscrits sans avertissement. C’est ce qu’a expliqué le co-fondateur du site vb.ly à la BBC.
À l’heure actuelle, Bit.ly dispose d’une autre version de son service : j.mp. Cette extension de nom de domaine, .mp, est le domaine national de premier niveau appartenant aux Îles Mariannes du Nord, un archipel situé dans l’océan Pacifique. Le service possède aussi un nom de domaine en .tv, qui appartient aux Tuvalu, un archipel également localisé dans l’océan Pacifique.
À ce sujet, il faut rappeler la mésaventure de TF1 avec son site Wat.tv. L’an dernier, au printemps, le site fut indisponible pendant quelques jours, suite à un souci avec le renouvellement de son nom de domaine. À l’époque, TF1 avait qualifié l’incident de grave, « totalement indépendant de Wat et de TF1« .
Nous avions alors pointé du doigt le risque choisi par TF1 de confier l’avenir de sa marque (Wat.tv), et donc son avenir commercial, au bon vouloir d’un petite île dont l’existence est aujourd’hui menacée par le réchauffement climatique. Une disparition qui poserait la question de la pérennité des noms de domaine créés en son nom. Une stratégie d’autant plus risquée que TF1 cherche à faire converger ses activités audiovisuels avec sa présence sur Internet.
Enfin, l’affaire donne une résonance particulière à la décision du Conseil constitutionnel qui a décidé mercredi d’annuler la loi sur l’octroi des noms de domaine français. Le Conseil a en effet reproché au législateur de ne pas avoir garanti le respect de la liberté d’expression dans les conditions imposées à l’octroi des noms en .FR. Le Parlement croyait sans doute que ça allait de soi, mais les sages ont rappelé qu’il ne fallait jamais l’oublier.
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