L’unique et ultime candidat républicain de la primaire américaine a déclaré qu’Amazon « s’en tirait trop facilement avec les taxes ». Une nouvelle sortie très loin des créneaux libéraux du camp républicain.

Donald Trump n’est définitivement pas le candidat du monde de la tech. Après ses saillies contre Apple, et le malaise entourant sa candidature pour les défenseurs des droits, c’est désormais au tour de Jeff Bezos et son entreprise Amazon d’être pris pour cible par un candidat décidément inclassable.

Le candidat républicain ne cesse, par ses déclarations, de brouiller les pistes concernant ses ambitions économiques pour les Etats-Unis, face à une primaire démocrate déconcertante, dans laquelle Hilary Clinton doit composer avec la campagne de Bernie Sanders — le candidat autoproclamé socialiste aux avis très tranchés sur les questions économiques. Face à Sanders, Clinton est devenue la candidate des marchés et désormais de la tech.

Les politiciens ne taxent pas Amazon comme l’entreprise devrait l’être

C’est en tout cas l’interprétation de Donald Trump, un candidat décidément loin d’incarner un renouveau libéral dans le camp républicain. Au delà de ses déclarations clairement protectionnistes face à la Chine qu’il ne cesse de caricaturer, Trump joue sur le terrain économique un air de populisme patriotique étrange et inhabituel pour le camp républicain, habitué à plus de libéralisme.

Le candidat a ainsi déclaré qu’Amazon, le leader mondial du commerce en ligne avait « un immense problème avec [les lois] anti-trust », qui doivent éviter les abus de position dominante. Et d’ajouter à l’intention de Jeff Bezos, le CEO d’Amazon : « Le Washington Post est la propriété de Jeff Bezos qui contrôle Amazon et utilise le média comme son jouet. Amazon s’en tire si facilement avec les taxes parce qu’il utilise l’influence du Washington Post afin que les politiciens ne taxent pas Amazon comme l’entreprise devrait l’être. »

Donald Trump ne se contente donc pas d’accuser Jeff Bezos d’abus de position dominante, ce qui est conforme à la doctrine libérale qui aime les concurrences libres et non faussées. Il met aussi en avant un conflit d’intérêts entre le directeur d’Amazon et son journal, le Washington Post, officiellement pour s’indigner d’un traitement fiscal privilégié. Sa déclaration intervient toutefois après que le média a annoncé l’écriture d’une enquête sur l’empire immobilier du candidat républicain. Trump ajoute pour sa défense que de toutes façons, « tout le système est truqué… que ce soit avec Hillary ou Bezos ».

Avec son style bien à lui, le candidat invoque donc encore une fois « un système » dont il ne ferait pas partie, mais qui détruit les États-Unis. Le monde de la Silicon Valley semble faire partie de ce « système » ennemi de Trump, notamment en raison de leurs politiques d’optimisations fiscales à outrance.

Le candidat a promis de poursuivre Amazon pour abus de position dominante, et de renforcer les impôts payés par la société e-commerce une fois au pouvoir. Mais un sénat républicain pourrait-il le suivre dans cette direction ?

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