En matière de téléchargement illicite, les figures de style telles que la métaphore ou la comparaison sont à manier avec la plus extrême précaution. Trop souvent les ayants droit se sont cassés les dents en essayant de dresser des parallèles hasardeux entre le piratage et le vol d’une baguette de pain, d’une banane ou d’un fromage. Sans parler de la fameuse campagne « you wouldn’t steal a… » (vous ne voleriez pas un / une) sur les DVD.
Dans un entretien paru aujourd’hui dans le Courrier Picard, Jean-Michel Jarre tombe également dans ce travers qui assimile le téléchargement illicite à du vol. Interrogé sur le piratage, le célèbre compositeur de musique électronique a expliqué que « le piratage de la musique, c’est comme le vol dans la rue. Si on vous vole votre manteau dans le métro, vous ne serez pas content. Là, c’est pareil » a-t-il estimé.
Or, le téléchargement d’un fichier MP3 sur Internet ne prive pas le possesseur initial du fichier. Un baguette volée ne peut plus être vendue ou consommée. Un manteau volé ne peut plus être porté. Mais un fichier téléchargé est copié. Un fichier piraté est dupliqué. Bien sûr, cela pose de nouvelles problématiques pour le financement de la culture et la protection des droits de propriété intellectuelle, mais ce n’est pas du vol.
« Mais en France, il y a maintenant la loi Hadopi. Rien que le nom, je l’aime bien. Il me rappelle les fleurs et animaux Australiens, ça sonne un peu exotique. Sur le fond, je trouve bien qu’un pays dise solennellement que pirater c’est interdit. Le piratage a toujours existé, par définition, déjà au temps des pirates » a-t-il poursuivi. D’ailleurs, nous pouvons même remonter encore plus loin dans le temps. Le premier pirate de l’Histoire n’était-il pas un évangéliste du VIe siècle ?
« Mais vous savez, je pense qu’on se trompe d’ennemis. L’ennemi, ce ne sont pas ceux qui téléchargent quelques titres, vidéos ou du contenu informatif. Ce sont les fournisseurs d’accès à Internet qui se font des fortunes, et qui en plus ont des facilités fiscales accordées par Bruxelles. Il faudra un jour intégrer que les gens qui utilisent du contenu culturel doivent le payer ! » a-t-il conclu.
Quelques mois plus tôt, Jean-Michel Jarre s’était interrogé sur l’avenir d’Internet dans sa forme actuelle. Le musicien, mal compris sur ce sujet, avait estimé que le réseau des réseaux glissait progressivement des internautes vers les multinationales et les industries du divertissement. Un glissement regrettable qui risque de pousser toujours plus d’internautes vers le « maquis », via des réseaux chiffrés notamment.
( photo : BY-SA )
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