Pour expliquer son refus d’intégrer le support du Flash aux iPhone et autres iPad, Steve Jobs avait aligné une série d’arguments plus ou moins convaincants, et défendu que le succès de ses appareils mobiles étaient la preuve par l’exemple que les consommateurs n’ont plus besoin du Flash sur Internet. Jusqu’à présent, il était difficile de lui donner tort. Mais le succès du navigateur Skyfire sorti cette semaine remet en question cette argumentation.
Présenté comme une alternative à Safari Mobile, avec des fonctionnalités sociales, Skyfire 2.0 permet surtout aux internautes de voir des contenus en Flash sur leur iPhone. C’est l’argument le plus mis en avant par la société. Quelques heures après sa sortie, le logiciel vendu 2,99 € a été tellement demandé que son éditeur a dû le retirer de l’App Store, en affichant « rupture de stock ».
Il ne s’agissait pas comme on a pu le lire ci et là d’une incapacité à répondre aux demandes massives de téléchargements de l’application, qui sont gérés par Apple lui-même, mais d’un problème d’engorgement intrinsèque à Skyfire. Car pour pouvoir afficher des vidéos en Flash, Skyfire est obligé de les convertir en HTML 5 et au format H.264 supporté par iOS. Ce qui l’oblige à retraiter par l’intermédiaire de ses serveurs toutes les vidéos qui lui sont demandées par ses clients, pour les renvoyer vers le navigateur qui pourra enfin les afficher. De cette manière, Skyfire n’affiche pas réellement le contenu Flash conçu par l’éditeur, mais une version modifiée.
Ce qui n’est pas sans poser questions sur l’intégrité des contenus, le respect des droits des éditeurs, et surtout le respect de la vie privée des utilisateurs du navigateur.
La politique de vie privée de Skyfire indique en effet que « lorsque vous utilisez les services de Skyfire, nos serveurs enregistrent automatiquement certaines informations sur l’utilisation de votre appareil mobile« . Lesquelles comprennent notamment les « requêtes web », « URL des pages de référant et de sorties », « noms de domaine », « nombre de clics », « le temps passé sur des pages web en particulier », etc., etc.
Il est aussi clairement dit que les informations ainsi collectées peuvent servir à « traquer et analyser les préférences et tendances de l’utilisateur » et à lui « fournir un contenu, des publicités et de l’informations personnalisés« . La société ne s’interdit pas non plus de revendre les informations à des « partenaires de confiance » qui respecteraient sa politique de vie privée, extrêmement permissive.
La lecture de vidéos en Flash mérite-t-elle de payer aussi cher, au delà des 2,99 € que coûte l’application ?
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