Tout a commencé avec une vidéo TikTok à première vue comme les autres. Dans celle-ci, une utilisatrice se moque ouvertement de la « for you page » de son petit ami, c’est-à-dire les contenus suggérés par l’application en fonction de ses goûts. Elle fait défiler les vidéos, qui semblent toutes plus absurdes les unes que les autres : un tube de dentifrice danse sur une musique techno, un sorcier invoque de la paille, un poisson animé en 3D fait du vélo…
En langage internet, ce genre de contenu à l’humour abstrait est désigné comme étant « cursed », ou maudit. Même si le petit ami se défend en disant que sa « for you page » est « normale », de nombreux commentaires laissés sous la vidéo montrent bien qu’il s’agit de vidéos d’un genre particulier. Mais ce qui ressort surtout de ces commentaires est une tendance étrange : ceux qui ont vu cette vidéo ont, comme par magie, eu à leur tour ces mêmes vidéos dans leur « for you page ». « On a tous été infectés par la for you page de ce mec », résume une utilisatrice.
Une vidéo qui maudit l’algorithme des autres ?
Afin d’en avoir le cœur net, Numerama a fait le test. Après avoir regardé la vidéo, nous avons simplement scrollé sur TikTok. Au début, rien ne semblait avoir changé, l’algorithme proposant les mêmes contenus habituels. Puis, 10 minutes après, alors que nous allions abandonner l’expérience, une vidéo de marmottes en 3D jouant du métal est apparue. Une vidéo étrange, très drôle et, selon les critères de l’app, cursed. Nous étions rentrés dans le cursedtok, parfois appelé aussi le deeptok — là où les vidéos les plus étranges de TikTok finissent.
Peu après cette première vidéo de marmottes, nous avons vu une vidéo disant que « des gnomes avaient volé la matière grise du cerveau » de l’utilisateur, un crapaud nous conseillant de prendre une « chill pill », une oie et un gorille en 3D, un rat dansant sur un air de Vivaldi, un concert des Minions, une grenouille se plaignant d’avoir la diarrhée… la liste est sans fin.
Nous avons également vu certaines des vidéos apparaissant dans la toute première vidéo, telles que l’iconique sorcier criant « I CAST MULCH ». À chaque fois, dans les commentaires, les mêmes phrases revenaient : « est-ce que je vois ça parce que j’ai vu cette vidéo avec la for you page du mec ? », « la for you page de ce gars a infecté la mienne… et ça me va très bien », « la for you page de ce mec est devenue la mienne »… Tous sont unanimes : l’algorithme de cet homme a contaminé les autres.
Contrairement à ce que les commentaires pourraient faire croire, il ne s’agit pas d’une coïncidence, ni d’une vraie malédiction. Il est logique d’être exposé à ce genre de vidéos après avoir vu la première, car c’est exactement la manière dont fonctionne l’algorithme de recommandation de TikTok. Lorsqu’un utilisateur interagit avec une vidéo, soit en la regardant plusieurs fois, soit en commentant, soit en la likant, l’algorithme enregistre ces données afin de proposer d’autres contenus du même genre.
Lorsque la première vidéo sur la for you page de l’utilisateur est devenue virale, beaucoup de gens ont interagi avec — et l’algorithme s’est mis au travail, en proposant à un grand nombre de ces personnes des contenus similaires. Dans ce cas précis, les vidéos similaires étaient précisément ce genre de vidéos cursed, parfois exactement celles étant apparu dans le premier TikTok.
La même chose s’est déjà produite des milliers de fois auparavant, avec d’autres vidéos : si vous aimez un contenu booktok, l’algorithme vous en recommandera d’autres. Ici, ce qui est le plus marquant, c’est que ces vidéos cursed étaient radicalement différentes de celles proposées avant, et donc, bien plus remarquables. Regarder la première vidéo ne vous maudira pas — mais elle vous fera rentrer dans le cursedtok, que ce soit à regret, ou pour votre plus grand plaisir.
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