Une société américaine spécialisée dans la défense des intérêts de l’industrie pornographique a frappé fort ses dernières semaines. En quelques jours, elle a réclamé l’identification de près de 17 000 internautes suspectés d’avoir téléchargé et partagé des films pour adultes sur BitTorrent.

Aux États-Unis, les organisations chargées de défendre les intérêts de l’industrie du divertissement ne sont pas réputées pour faire dans la dentelle. Pour combattre le téléchargement illégal, elles n’hésitent pas à poursuivre massivement des centaines, voire des milliers d’internautes suspectés d’enfreindre le droit d’auteur. Par exemple, le cabinet d’avocats US Copyright Group a ainsi demandé à la justice de permettre l’identification de 2 094 adresses IP.

Ce nombre fait pourtant pâle figure face aux ambitions procédurières de l’industrie pornographique, en particulier l’Adult Copyright Company. Comme son nom l’indique, cette société s’est spécialisée dans la défense des contenus pour adultes. Et contrairement à l’US Copyright Group, l’entreprise fondée par l’avocat Kenneth J. Ford voit les choses en grand. En l’espace de deux semaines, près de 17 000 actions en justice ont été initiées contre des internautes amateurs de contenus pornographiques.

Ars Technica explique que ces plaintes ont été déposées en deux temps. Le 29 octobre, 7 098 internautes sont accusés par Axel Braun Productions de pirater le film ‘Batman XXX : A Porn Parody’ sur le réseau BitTorrent. Le 4 novembre, l’Adult Copyright Company s’attaque à 9 729 autres internautes pour avoir téléchargé et partagé sur BitTorrent une autre œuvre bouleversante du septième art, ‘Teen Anal Nightmare 2’. Tout un programme.

Au total, l’industrie pornographique s’est attaquée en moins de deux semaines à 16 827 internautes américains. C’est certainement un record dans le genre. À titre de comparaison, la RIAA a mis cinq ans pour atteindre un nombre équivalent. Une stratégie qui n’a d’ailleurs pas vraiment payé, puisque le piratage existe toujours malgré les milliers d’actions en justice entreprises par l’organisation américaine. Par conséquent, elle a préféré abandonner cette méthode improductive.

Reste à savoir quelle sera l’issue d’une telle manœuvre. Dans l’affaire des 2 094 adresses IP repérées par l’US Copyright Group, le fournisseur d’accès à Internet Time Warner Cable avait freiné des quatre fers. En effet, l’opérateur estimait que l’identification en bloc de 809 adresses IP (celles appartenant au réseau Time Warner Cable) était trop onéreuse et disproportionnée. Chaque vérification lui coûterait 45 dollars (environ 32 euros). Un coût que le FAI ne souhaite pas supporter.

Si un FAI rechigne à identifier 800 adresses IP, on conçoit mal par quel miracle il serait disposé à procéder à l’identification d’une portion vraisemblablement importante de ces 16 827 adresses IP. À moins que les opérateurs parviennent à faire supporter le coût aux dépens du contribuable ou des ayants droit. Ce qui est loin d’être gagné.

Dès lors, les opérateurs risquent fort de demander à la justice de limiter les demandes de l’industrie pornographique. Par exemple, les tribunaux pourraient demander à une identification étalée dans le temps, avec un certain nombre d’adresses IP vérifiées chaque mois. Sans parler des autres demandes d’identification, mais pour d’autres sujets : terrorisme, menaces de suicide, détournements de mineurs.

Pas sûr que cela aille dans le sens de l’industrie pornographique, qui a la prétention de réduire drastiquement le piratage des contenus pour adultes d’ici 2012.

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