Après la pénurie partielle d’essence pour nos voitures, se dirige-t-on vers une pénurie d’électrons dans nos lignes électriques ? La fédération des mines et de l’énergie de la CGT (CGT FNME), qui est présente sur les 19 centrales nucléaires françaises, a décidé de rejoindre les salariés des raffineries dans leur opposition frontale à la Loi Travail. Une situation qui donne des sueurs froides au gouvernement et à EDF.
Dans un contexte où le dialogue social semble redevenu impossible, la centrale syndicale est bien décidée à mobiliser ses syndiqués dans des secteurs clefs pour lutter contre ce que Philippe Martinez appelle un « bafouement de la démocratie sociale et politique », la Loi Travail et son 49-3.
Alors que les médias et les français s’inquiètent de l’installation d’une pénurie de pétrole causée par les mobilisations dans les raffineries françaises, l’annonce de la mobilisation dans le secteur atomique a aussi de quoi inquiéter les autorités. Mais quelle est la signification d’une grève dans un secteur aussi sensible que le nucléaire ? Alors que l’arrêt d’une centrale est impossible sans poser des graves problèmes, que peut faire concrètement la CGT dans les centrales nucléaires ?
Grève atomique
Animateur de la confédération syndicale, Thierry Raymond explique à Numerama que les employés des centrales nucléaires ne sont pas soumis aux mêmes règles concernant les mouvements sociaux que les autres salariés. La question délicate de la sécurité impose donc aux salariés des modes de mobilisation bien différents.
Pour commencer, les salariés peuvent être requis par leur direction même pendant leurs jours de gréve, afin d’assurer une sorte de service minimum de sécurité. Les salariés mobilisés sont alors payés seulement 20% de leur salaire habituel et ont pour seul obligation d’être présents, et d’agir évidemment en cas de problème.
Les salariés ne peuvent pas non plus, pour d’évidentes raisons techniques, arrêter une centrale pendant une mobilisation. En revanche, la CGT a prévu d’organiser ce qu’on appelle des « baisses de charge ». En l’occurrence, il s’agit de ne pas lancer les réacteurs à pleine puissance mais seulement les maintenir en état de fonctionnement. Actuellement, 9 centrales françaises sont ainsi en baisse de charge.
Pas de risque de black-out
Des baisses de charge qui peuvent réellement handicaper EDF et sa filiale RTE. Même si une pénurie d’électricité est difficile à imaginer, l’entreprise publique devra certainement se procurer des kilowatts à l’étranger, augmentant ainsi le coût de production de l’électricité française.
Toutefois, Thierry Raymond nous explique que ces baisses de charge voulues par le personnel peuvent être empêchées par RTE en cas de manque ou de danger. Des systèmes automatisés peuvent même déclencher les réacteurs à pleine puissance à nouveau, éloignant ainsi toutes hypothèses de black-out.
Pour le syndicaliste, un état des lieux du nombre de grévistes est encore difficile à établir ce jeudi matin, mais il s’attend à voir jusqu’à 35% du personnel des centrales mobilisées. Des chiffres qui seront détaillés ce soir par la centrale.
La CGT insiste aussi sur sa propre prudence concernant les mobilisations dans les centrales. Il n’est pas question pour les syndicalistes que la grève puisse impacter la sécurité des centrales.
Alors que le gouvernement et les médias se plaisent à dresser un scénario apocalyptique, ce qui est théoriquement possible pour le pétrole ne l’est pas pour la production électrique des centrales nucléaires.
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