C’est un rapport sur un sujet bien spécial qui est remis à Emmanuel Macron ce mardi 30 avril : celui sur le temps d’exposition des enfants aux écrans. Rédigé par des experts mandatés par le président de la République en début d’année, le rapport contient des préconisations pour contrebalancer les pratiques actuelles
Tout au long du rapport, un message transparait : l’exposition prolongée aux écrans est néfaste pour le bon développement des enfants.
Quelles sont les préconisations du rapport remis à Macron ?
Le rapport est remis au président en fin de journée. Cependant, les principales mesures ont d’ores et déjà fuité dans la presse et en ligne.
Le rapport préconise un plan d’action, différencié en fonction de l’âge.
Avant 6 ans
- interdiction des écrans avant 3 ans ;
- autorisation les écrans de 3 à 6 ans, mais seulement avec l’accompagnement d’un adulte ;
- interdiction des jouets connectés aux enfants de moins de 6 ans, à l’exception des boîtes à histoires.
À partir du collège
- s’abstenir d’offrir un téléphone aux enfants avant leur entrée au collège ;
- à partir de 11 ans, un téléphone peut être donné, mais sans connexion Internet ;
- à partir de 13 ans, l’accès à Internet sur le téléphone peut être ajouté ;
- tout au long de l’école, puis du collège et du lycée, assurer une formation aux outils numériques.
À partir du lycée
- interdiction des réseaux sociaux aux moins de 15 ans ;
- à partir de 15 ans, permettre seulement l’inscription aux réseaux sociaux « éthiques », tels que « Mastodon ou Bluesky ». Le rapport déconseille de rendre les autres sites communautaires, tels qu’Instagram et TikTok, accessibles avant 18 ans ;
- création d’espaces sans connexion dans les lycées.
Au niveau des réseaux sociaux
- interdiction sur les applications les fonctions d’auto-déroulement des vidéos ;
- interdiction de la lecture automatique des contenus ;
- interdiction des mécanismes d’hypernotification.
Des actions pas évidentes à mettre en place
Le rapport n’est pas un texte de loi, mais une collection de mesures que des experts formulent à l’attention des pouvoirs publics. C’est au législateur ou au gouvernement de s’emparer de ces préconisations, à travers un projet ou une proposition de loi. Or, tous les parlementaires ne manifestent pas un souhait particulier de légiférer sur ce terrain.
Parmi les difficultés susceptibles de ralentir ou d’entraver la mise en place de ces pistes, la primauté du droit européen, qui peut limiter les marges de manœuvre au niveau national. Concernant les réseaux sociaux, il existe des textes déjà en place, à commencer par les récents Digital Services Act (DSA) et Digital Markets Act (DMA).
Plusieurs propositions ont un effet direct sur le fonctionnement des sites communautaires. Par exemple, des plateformes comme Instagram et TikTok — qui accaparent fortement l’attention des internautes, et notamment des plus jeunes — ont la main sur les fonctionnalités d’auto-déroulement et de lecture automatique des vidéos.
Surtout, les mesures les plus emblématiques dépendent uniquement de la bonne volonté des parents. L’interdiction des écrans aux enfants de moins de 3 ans (une idée ancienne), l’accompagnement par un parent jusqu’à 6 ans, l’interdiction d’accéder à Internet sur un téléphone jusqu’à 13 ans… tout cela nécessite la vigilance de l’autorité parentale.
Tenir les enfants à distance du numérique, est-ce une si bonne idée ?
Perçu comme une menace, le numérique est aussi facteur d’opportunités. Or, une limitation du temps d’écran pourrait aussi affecter potentiellement les bons usages. Son impact sur l’illectronisme est aussi à questionner : il y a des millions de Français peu à l’aise avec le numérique. Or, l’apprentissage se fait aussi en tâtonnant, à un jeune âge.
D’autres mesures sont déjà plus ou moins en place, notamment l’interdiction des portables dans les établissements scolaires. Enfin, il faut également prendre en compte le fait que certaines mesures pourraient être plus néfastes que bénéfiques. Ian Russel, un activiste anglais de la sécurité des jeunes sur Internet, a ainsi récemment critiqué l’idée du gouvernement britannique d’interdire la vente de smartphones aux moins de 16 ans. Il explique notamment que des contrôles parentaux « trop intrusifs » peuvent affaiblir la confiance entre les parents et les enfants — ce qui est exactement ce que le rapport propose.
« Cela reviendrait à punir les enfants pour l’incapacité des entreprises de la tech à concevoir leurs produits de manière responsable. Les enfants nous ont dit qu’être en ligne est fondamental dans leur vie. » L’État va devoir faire un travail d’équilibriste s’il veut réguler.
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