Certains symboles n’ont définitivement plus leur place en Occident et, de surcroît, dans les jeux vidéo. C’est ce qu’a rappelé le directeur de la politique du Xbox Live, Stephen Toulouse. Interpellé sur Twitter par un joueur qui lui demandait s’il pouvait utiliser une croix gammée comme emblème dans Call of Duty : Black Ops, Stephen Toulouse a été très clair : la présence d’un tel symbole entrainera un bannissement pur et simple du joueur.
En réalité, le joueur n’a pas formulé sa question en citant explicitement la croix gammée. À la place, il a demandé s’il avait le droit d’utiliser une croix en forme de stastika, expliquant qu’il « appréciait le design » et que son intention n’était certainement pas d’offenser autrui. Une explication qui n’a pas absolument pas convaincu Stephen Toulouse.
À l’origine, la croix en forme de svastika était un symbole religieux dont la portée s’étendait du Royaume-Uni à la Chine, en passant par l’Inde, le Japon, la Grèce et l’Allemagne. Vieux de plus de trois millénaires, le symbole a été récupéré et détourné par l’idéologie nazie au 20ème siècle. La seconde guerre mondiale et ses horreurs ont finalement et définitivement transformé aux yeux des Occidentaux le svastika en croix gammée.
« Il ne s’agit pas de politiquement correct, il s’agit de respect fondamental. Si vous pensez que le symbole svastika doit être réhabilité dans les sociétés tout autour du monde, je pense que c’est formidable. Votre profil Xbox Live ou votre emblème en jeu, qui n’offre pas le contexte pour expliquer votre objectif, n’est pas l’endroit adapté pour faire cela » a détaillé Stephen Toulouse sur son blog.
La croix gammée est devenue un véritable tabou en Europe, notamment en Allemagne. La législation impose aux éditeurs de jeux vidéo de ne représenter aucune référence à l’idéologie nazie, que ce soit des croix gammées ou des insignes portés par les soldats SS. L’an dernier, Activision avait rappelé les versions allemandes de Wolfenstein pour avoir laissé par erreur au moins une image montrant la croix gammée.
En France, le sujet est également particulièrement sensible. Dans les années 2000, Jacques Chirac avait conspué la politique menée par Yahoo en matière de filtrage de contenus. L’ancien président de la République avait manifesté sa profonde indignation devant la mise aux enchères de certains objets nazis par un service de Yahoo. Une mise aux enchères illégale selon la loi française.
Pendant six ans, le portail américain s’était abrité derrière la loi américaine pour maintenir l’accès des internautes français aux pages relatives à ces ventes. Mais en 2006, la justice californienne a tranché en faveur du droit français en demandant à Yahoo, s’il veut continuer de faire des affaires en France, d’empêcher les internautes français d’accéder aux objets nazis.
Dans cette affaire, il est intéressant de voir que Microsoft – pourtant américain – adopte une politique plutôt européenne, en interdisant très clairement aux joueurs d’utiliser certains symboles. Pourtant, les États-Unis ont plutôt la réputation d’être beaucoup plus souples dans le domaine de la liberté d’expression.
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