Le sénateur centriste Jean Arthuis, président très respecté de la Commission des finances du Sénat, n’est pas un adorateur de la Carte Musique Jeune lancée par le ministère de la Culture pour venir au secours de l’industrie musicale. C’est le moins que l’on puisse dire. Au détour du débat passionné sur la TVA du livre numérique, qui a tourné à la mise au pilori du dumping fiscal exercé par le Luxembourg pour attirer les éditeurs de services en ligne, celui qui fut le ministre de l’Economie d’Alain Juppé n’a pas mâché ses mots.
« Le Luxembourg, en proposant une TVA dont le taux correspond au seuil minimal fixé par la directive européenne, accueille toutes les grandes sociétés américaines spécialisées dans les prestations immatérielles« , rappelait-il, avant de viser sans la nommer la plateforme iTunes d’Apple. « C’est par exemple le cas pour la musique. Il faut savoir que toutes les institutions territoriales qui offriront à leurs jeunes concitoyens une carte d’accès à la musique numérique alimenteront le budget luxembourgeois« .
C’est d’autant plus vrai que les Carte Musique financées pour moitié sur le budget de l’Etat peuvent être employées sur iTunes pour acheter des applications sur l’App Store, et qu’en dépit des assurances du ministère de la Culture, il paraît difficile de pouvoir s’assurer du contraire sans porter atteinte à la vie privée des clients.
Peut-être Jean Arthuis trouvera-t-il consolation dans le fait que la Carte Musique Jeune ne semble pas fonctionner aussi bien que l’espérait le gouvernement. Alors qu’il lui est alloué un budget de 25 millions par an, nous estimions qu’au rythme actuel, le ministère n’aurait à débourser « que » 13 millions d’euros maximum, et plus vraisemblablement autour de 5 millions d’euros.
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