On se doutait qu’avec les progrès de la reconnaissance automatique des images, il serait simple pour la police de reconnaître un suspect ou une victime à partir de ses tatouages, s’ils sont uniques. De la même façon que l’on compare les empreintes digitales, il serait possible de comparer les tatouages à ceux contenus dans une base de données. En France, la société Safran y travaille déjà au sein de sa filiale Morpho, grâce à une technologie acquise auprès de l’Université du Michigan.
« Le logiciel de l’Université associé à l’expertise de Morpho dans les systèmes d’identification biométrique a permis de créer une solution de comparaison à la pointe de la technologie. Elle utilise des caractéristiques telles que la couleur, la forme et la texture pour faciliter l’identification automatique des individus en comparant un tatouage avec des banques d’images stockées dans les bases de données de la police. Ce projet conduira au développement de techniques d’identification et d’analyse avancées pour résoudre les enquêtes criminelles », avait expliqué le groupe.
Mais il y a plus troublant. En effet, l’Electronic Frontier Foundation (EFF) a publié jeudi les fruits d’une longue enquête, qui montrent qu’aux États-Unis le National Institute for Standards and Technology (NIST) travaille main dans la main avec le FBI pour mettre en œuvre, non seulement une identification des individus à partir de leurs tatouages, mais aussi un profilage psychologique de la personne en fonction des tatouages qu’elle a choisi de se faire encrer sur le corps.
Montre-moi tes tatouages, je te dirai qui tu es
Le principe consisterait par exemple à déterminer des formes typiques de certaines religions (une croix pour les catholiques, un croissant avec étoile pour l’islam…), ou de certaines idéologies (une croix gammée pour les néonazis, le symbole de Peace and Love pour les pacifistes, un A entouré pour les anarchistes…), pour faire une lecture des pensées de l’individu, à travers les marques qu’il possède sur sa peau.
Il serait aussi possible de détecter des points communs entre les tatouages de certains groupes radicaux ou d’organisations criminelles, pour présumer que l’individu qui possède un tatouage similaire ou approchant est probablement membre du même groupe. Plus la base de données sera riche et finement renseignée, plus les algorithmes d’apprentissage-machine pourront être performants et précis.
Ainsi une présentation au NIST explique que l’analyse automatisée des différents tatouages pourrait « suggérer une affiliation à des gangs, des sous-cultures, des religions ou croyances rituelles, ou une idéologie politique ».
Le NIST avait déjà organisé l’an dernier un concours de reconnaissance de tatouages (Tatt-C), en fournissant aux 19 organisations participantes (dont 8 entreprises privées) un échantillon de quelques 15 000 tatouages renseignés, la plupart issus de photos de prisonniers prises sans leur consentement. Mais il s’apprête à lancer une seconde phase en interne, dite d’évaluation (Tatt-E), basée sur 100 000 photos fournies par la police et l’administration pénitentiaire.
Pour l’EFF il y a des violations massives des droits de l’homme, et une exploitation des prisonniers pour enrichir des bases de données.
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